Nos sorties quotidiennes peuvent paraître monotones. Et pourtant, chacune d’elles y cache son secret: de quoi faire la joie d’une journée ensoleillée ou, qui sait, la tristesse d’une déception redoutée. Un croyant est un homme de rencontre. Chaque jour, il est bousculé par la ferveur d’un regard radieux ou par la détresse d’un inconnu.
J’ai pensé qu’un homme de rencontre – un certain Jésus de Nazareth – a dû connaître, chaque soir, d’abondantes surprises. Tout simplement parce qu’il savait écouter. Jésus n’était pas à la recherche de gens originaux ou chargés de soucis, mais, le cœur ouvert, il trouvait sur son chemin des tristesses cachées. Et jusqu’au fond de son cœur, il les entendait. Il se faisait accueil et partage. Loin de toutes curiosités, il ne cherchait pas des cas particuliers mais il était le cœur ouvert à tout venant.
Ce qui faisait l’esprit ouvert de Jésus c’était sa disponibilité. Il disait ce qu’on avait besoin d’entendre. Il parlait aux inconnus et leur cœur se transformait. Ils se contentaient de dire: « Personne n’a jamais parlé comme lui ».
Partager la joie d’un autre, nous réjouir du bonheur d’un inconnu, cela suppose un détachement de soi. « Il y a si longtemps que je suis avec vous et vous ne m’avez pas encore connu ». Lui, il est plus grand que notre cœur.
Et nous? Qu’attendons-nous pour encourager les autres, pour leur signifier notre foi, notre joie de les aimer comme ils sont.
Nous avons une nouvelle manière de communier: c’est d’aller vers les autres pour leur apporter notre foi, tel un pain quotidien. Rencontrer veut dire partager, échanger, entrer à petits pas, se glisser délicatement dans un monde de tendresse admirative. Ce qui nourrit ma journée est toujours un être mystérieusement neuf qui accueille ma plongée au cœur de son cœur.
À toutes les pages de l’évangile, il y a quelqu’un, des hommes ou des femmes, pour tirer Jésus par la manche, pour l’entraîner à leur table, pour discuter le coup avec Lui au besoin pendant une nuit entière. Des rencontres qui débouchent chaque fois sur un autre, plus exactement sur l’Autre qui a réponse à tout, qui est réponse à tout. Alors toutes les questions s’effacent jusque dans leurs racines. Les discours deviennent silence. Un silence qui se contente d’aimer et d’engranger une nouvelle journée. Perdue?
Non! Mais divinement riche.
Et si, dès le lever du soleil, nous bénissions le Seigneur ? Et si, le soir, nous terminions par un merci?
Même s’il y eut quelques larmes, de temps en temps, à cause d’une méchante humeur ou d’une arthrose douloureuse. Pire encore: peut-être avons-nous été accablés, pendant toute le journée, par l’idée d’être totalement oubliés par nos proches. Et voilà qui peut faire très mal.
Le vrai remède à nos tristesses est de nous inquiéter de la souffrance des autres. Ce qui nous attache radicalement à Jésus, ce n’est pas un livre, mais une rencontre fréquente et chaleureuse… chaque jour !
Tout commence par une rencontre
Il y a des paroles qui bousculent. Des réflexions qui nous secouent à jamais. Mieux encore: il y a des rencontres qui nous prennent par la main pour nous mener très loin.
Je sais maintenant qu’il y a sur mon chemin, un être exceptionnel: un certain Jésus-Christ, Lui, le Maître des rencontres, il me fera découvrir un bonheur plein de tendresse. À une condition: je dois le retrouver souvent! Mais quelle chance! Me voilà accepté. Pris pour qui je suis. Appelé par mon prénom. Ce qui me fait grandir, c’est, enfin, la certitude d’être aimé. J’existe pour quelqu’un.
Avec Lui, nous allons deviner, petit à petit, les saveurs de la vie. Il nous fera partager le bon goût du don de soi. En sa compagnie – j’allais écrire « en son compagnonnage » – nous aurons l’envie d’aimer comme Lui. Et nous deviendrons capables de changer le monde entier.
Père Loup (Chronique parie dans l’hebdomadaire Dimanche n° 34 du 30 septembre 2018