Colossal! 265,8 milliards d’euros! C’est le montant total déposé par les Belges sur les carnets d’épargne. Un chiffre jamais atteint qui, s’il confirme que nos compatriotes sont prévoyants, cache aussi une autre réalité: la crainte de l’avenir. En effet, la rémunération annuelle moyenne d’un carnet d’épargne dans notre pays est de l’ordre de 0,11%. Avec un taux si bas, on peut donc considérer que l’argent placé ne rapporte rien. Pire: votre épargne se déprécie, puisque l’inflation annuelle moyenne en 2018 s’élève à 1,74%!
Alors, pourquoi placer autant d’argent sur ces carnets?
Plusieurs explications sont possibles. D’abord, la situation internationale incertaine, notamment par la politique menée par la nouvelle administration américaine. L’Oncle Sam a mis en place des taxes sur de nombreux produits en provenance de Chine et d’Europe, notamment. Fidèle à ses promesses de campagne, Donald Trump pense que ce protectionnisme permettra aux Etats-Unis de "retrouver leur grandeur". La plupart des économistes pensent qu’à terme, c’est l’inverse qui se produira. En attendant, cela a un impact immédiat sur le commerce mondial et donc sur la vie des citoyens.
Une autre raison de "laisser dormir" son argent sur des carnets d’épargne à faible rémunération, est probablement provoquée par la crainte face à l’avenir. De quoi demain sera-t-il fait? Pourra-t-on toujours payer les retraites avec une pyramide des âges inversée, c’est-à-dire avec un nombre plus élevé de non-actifs que d’actifs? Sera-t-on capable de maintenir notre niveau de vie, une fois l’âge de la retraite atteint? Nos soins de santé resteront-ils de qualité et accessibles à tous? Autant de questions dont les réponses sont loin d’être acquises. Du coup, ceux de nos compatriotes, qui peuvent se permettre d’épargner, préfèrent garder leur argent disponible rapidement au cas où un coup dur arriverait. A côté, il y a aussi ceux qui ne savent pas économiser faute de moyens. Depuis le début des années 1980, on constate une diminution régulière de ce qu’on appelle "la classe moyenne", c’est-à-dire ceux qui ne sont ni riches, ni pauvres. Si ce déclin s’est quelque peu ralenti ces dernières années, la paupérisation de la société est bien réelle. Une récente étude européenne a démontré qu’en Belgique, 21,5% de la population ont des difficultés ou de grandes difficultés à s’en sortir et 15,9% des Belges connaissent un risque de pauvreté. La réalité des chiffres est parfois terrifiante.
Jean-Jacques DURRÉ
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