L’information a cela de particulier: un évènement fait la « une » de la presse, pour ensuite s’éclipser au profit d’une autre actualité. La vague de froid que traverse notre pays nous fait redécouvrir que des personnes sont à la rue. Il ne s’agit pas uniquement des migrants, mais aussi de citoyens que la vie a cabossé ou qui ont vécu une descente rapide aux enfers. D’aucuns rétorqueront que certains SDF refusent de se mettre à l’abri; ce qui a conduit le bourgmestre d’Etterbeek à faire procéder à leur arrestation administrative pour les protéger contre eux-mêmes. D’ici quelques jours hélas, on peut craindre que cette information ne tiendra plus le devant de l’actualité. Pourtant, la problématique des sans domicile fixe n’aura pas disparu.
Nous nous émouvons à juste titre des images horribles qui nous parviennent de Syrie, mais n’oublions pas également que 2,6 millions d’enfants meurent chaque année, alors que dans 80% des cas on pourrait l’éviter. Savons-nous qu’outre le risque de famine, les grondements continus du conflit au Sud-Soudan ont conduit à la fermeture d’écoles depuis cinq ans, sacrifiant ainsi une génération d’enfants? Pourtant tous ces sujets ont fait à un moment la « une ».
Qu’on me comprenne bien, il ne s’agit pas de culpabiliser, mais de prendre conscience que même si une actualité n’est plus reprise par les médias, ce n’est pour autant qu’elle n’est plus de mise. Le culte du présent semble être une caractéristique de notre époque. Mal du siècle? Non. Déjà, au XIXe siècle, l’écrivain Emile Zola dépeignait le rythme de l’information en ces termes: « Le goût de l’actualité aidant, nous en sommes arrivés à cette fièvre d’informations immédiates ». Ce qui importe donc, c’est que des voix continuent à s’élever pour dénoncer les injustices, les inégalités, les peurs… afin de nous alerter, mais surtout de rappeler à ceux qui nous gouvernent que des problèmes majeurs subsistent et qu’il faut les régler. C’est le rôle de toutes les composantes de notre société, qu’elles soient croyantes ou non. Parce que lorsque la communauté doit pallier les manquements de l’Etat, c’est que quelque chose ne tourne pas rond.
Jean-Jacques Durré
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