J’existe !


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J’existe !
Par Jean-Jacques Durré
Publié le - Modifié le
2 min

Il y a quelques années, j’ai aperçu le slogan "Moi aussi, j’existe", écrit sur un mur de la capitale. Au premier abord, j’ai souri. Mais, en y réfléchissant, il traduisait une immense détresse. Celle de ne pas exister aux yeux des autres, de n’être rien. Dans notre société hyper-médiatisée, ce sentiment de vouloir "exister", d’être quelqu’un, est exacerbé. Il suffit de consulter les réseaux sociaux pour s’en rendre compte. Combien de jeunes publient tout et n’importe quoi pour se faire voir, être reconnus. Le jeune français de 20 ans, la "star" des réseaux sociaux, qui a été à l’origine du rassemblement de ses "groupies" sur la Place de la Monnaie est suivi sur Facebook, Snapchat et Instagram par plus d’un… million de fans! Ce qui interpelle, c’est que le seul fait d’armes de cette "vedette" est de simplement raconter ce qu’il fait durant la journée! Et cela fascine une cohorte d’admirateurs qui le suivent, en rêvant d’être aussi "célèbre". En fait, de devenir quelqu’un aux yeux des autres.
Hélas, dans notre société moderne, la réussite, la beauté, le succès et le vedettariat sont érigés en critères "indispensables" pour exister, pour "être". Faire parler de soi semble devenir le mot d’ordre d’une jeunesse en quête d’avenir. On l’a hélas vu lors des débordements dans le Centre ville de Bruxelles. Il ne s’agit pas de minimiser des faits de violence grave, mais bien de s’interroger: "comment en sommes-nous arrivés là?" Pourquoi cette violence gratuite chez des adolescents? Besoin de s’affirmer aux yeux de leurs copains? Etre reconnu comme un "caïd"? Leur comportement, inadmissible, est probablement la conséquence de leur manque d’espérance dans l’avenir. Ils veulent "être quelqu’un".
Nier la réalité d’une personne est sans doute la douleur la plus profonde que l’on peut commettre, par gêne ou, pire, par dédain. Si l’on fait semblant de ne pas voir le mendiant que nous rencontrons aux feux de signalisation routiers ou sur le bord du trottoir, si on évite de croiser son regard, il n’est plus rien. Il devient "transparent", inexistant.
On nous parle fréquemment du "vivre ensemble". Mais pour y arriver, il faut connaître l’autre. Nier sa réalité, c’est aller à l’encontre de cette impérieuse nécessité de construire un vivre ensemble qui n’est pas qu’un slogan. Les jeunes ont besoin d’être écoutés. Sachons leur accorder de l’importance et de l’écoute.

Jean-Jacques Durré
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