Au Gabon, des sacrifices humains


Partager
Au Gabon, des sacrifices humains
Par Christophe Herinckx
Publié le - Modifié le
3 min

Au Gabon, les sacrifices humains sont aujourd'hui une pratique courante lors de certains événements. C'est ce qu'affirme Mgr Jean-Vincent Ondo Eyene, archevêque d'Oyem, au nord du pays. Ce problème, qui n'existait pas à l'époque de l’indépendance, se serait accentué depuis l'an 2000.

L’Eglise gabonaise, engagée dans la lutte contre les sacrifices humains depuis 2012 aux côtés de l’Association de lutte contre les crimes rituels au Gabon (ALCR), est "très attentive à ce phénomène", a indiqué Mgr ondo Eyene à cath.ch.

Ces crimes adviennent surtout au moment des élections, ou lors d’autres événements "un peu particuliers". "Sinon, c’est le calme absolu. C’est pourquoi nous essayons d’être très attentifs à l’approche des élections pour commencer à dénoncer, à faire prendre conscience de ce phénomène aux autorités en place".

Eradiquer le phénomène des "crimes rituels"

L’Eglise catholique, par le biais de sa Commission Justice et Paix, lutte pour que ce phénomène soit éradiqué dans le pays. "Il ne fait pas partie des habitudes culturelles des Gabonais!" Il est dû, à son avis, à l’ouverture du Gabon au reste du monde. "Il va falloir discuter avec les autorités et voir comment y mettre fin. La vie humaine est sacrée et ne peut pas être banalisée".

La Conférence épiscopale du Gabon (CEG) dénonce ce phénomène de façon permanente. "Chaque fois que nous constatons que malgré notre dénonciation, il y a encore un crime, nous faisons retentir notre voix pour dire une fois de plus: il faut que ça s’arrête!".

Pour obtenir le succès d’une entreprise

Les "crimes rituels", qui sont des assassinats où le corps est retrouvé mutilé, se pratiquent pour obtenir le succès d’une entreprise, une promotion dans la vie politique ou une haute fonction publique, relève l'ALCR. "L'assassin et le commanditaire sont très rarement arrêtés. Différentes contraintes bloquent l'action judicaire: menaces et pressions contre les familles, corruption des agents de l’Etat, coût trop élevé des procédures ou des autopsies..." Selon l'UNICEF, les victimes de ces crimes sont des enfants dans 70 % des cas.

Au Gabon, les organes, la chair et le sang humain sont censés apporter la réussite ou le pouvoir. Certains sacrifient même leurs proches pour s’assurer la protection d’un parrain, dénonce l'ALCR. "On tue la personne, on récupère ce qu’on appelle ici couramment les pièces détachées, c’est-à-dire les organes du corps que le marabout a demandés. Les corps tués à cette fin sont enterrés quelque part dans la nature et six mois plus tard, on revient pour récupérer les os", affirmait en 2014 sur les ondes de Radio Vatican Jean Elvis Ebang Ondo, président de l'Association de lutte contre les crimes rituels. L'ALCR a relevé, entre 2011 et 2014, le cas d'au moins 157 personnes tuées pour leurs organes, dont 75 enfants, 39 femmes et 43 hommes.

Le phénomène des crimes rituels existe dans d'autres pays d'Afrique, dans des contextes et pour des buts similaires. Ils sont toujours, d'une manière ou d'une autre, liés à des pratiques de sorcellerie.

D'après cath.ch/ibc/be

Photo: Libreville (c) wikipedia.org


Dans la même catégorie