L'abbé Benoît Lobet, curé-doyen d'Enghien réagit sur son blog à l'actualité politique: le coup de tonnerre du cdH. Pour lui, "le vrai changement, ce n'est pas d'en faire plus dans une direction mauvaise, mais de changer de direction".
Je crois à toutes les formes possibles d'ouverture et de dépassement de frontières obsolètes: entre les partis issus de clivages religieux (Francs-Maçons libéraux versus Catholiques centristes, par exemple); entre les partis ou les personnes soucieux de liberté économique et sociale, et ceux qui se veulent plus protecteurs des personnes faibles, et incapables d'entrer et de vivre dans une existence de simple compétition; évidemment, entre les "progressistes" (je voudrais bien savoir ce qu'est "le progrès", aujourd'hui) et les "conservateurs" (je voudrais bien savoir ce qu'il faut "conserver"); etc.
Mais sur des questions précises, ponctuelles, délicates, que tous, par pitié, se mettent à dialoguer par-delà les clivages en vue de décisions favorables au bien commun: la protection sociale minimale, qui permet à tous de rester dignes; la promotion de l'effort, du travail et de l'apprentissage dans l'éducation et la vie économique; le refus d'ériger l'argent en étalon de la réussite et en maître de la destinée - car l'argent, c'est "Mammon", comme dit Jésus, et vous permettrez à un prêtre de citer ici les évangiles, c'est une idole à laquelle on ne peut qu'être asservi, comme à toute idole, et c'est la première d'entre elles, et certes l'argent est nécessaire comme moyen d'échange économique, mais non pas comme critère du bonheur social; la promotion de la culture, des beaux-arts, de la littérature et des autres formes de création, faute de quoi nous serions sous l'emprise délétère d'une société purement vouée à l'économie de marché - or, la culture, qui n'a pas de prix, est gratuite, et mérite dès lors qu'on y investisse énormément; la volonté de pacifier le monde, en réduisant entre les peuples (surtout du Sud et du Nord), les écarts monstrueux dont nos manières de vivre et de consommer sont coupables - c'est le plus grand péché qui crie vengeance au ciel!
Evidemment, et en même temps, la volonté affichée et ordonnée, de renoncer aux comportements qui contribuent à la destruction inévitable de la terre, notre "maison commune", de son climat, de ce qu'elle peut produire pour nous nourrir tous ensemble, et de ce qu'elle pourra donner aux générations qui nous suivent. Et puis, encore, et sans être exhaustif, et j'aurais peut-être mieux fait de l'écrire en premier, le dialogue incessant que tous les pays doivent avoir autour du fait religieux, de sa présence, de ses risques comme de sa nécessité, de son influence dans les structures des Etats (soit qu'ils le mettent à leur service, soit qu'ils le dénigrent ou le combattent, deux positions également offensantes et dangereuses).
Bref, il y a matière. "Gouvernance", avez-vous dit, messieurs, mesdames les gouvernants? Ok, gouvernance, mais alors, sur ces sujets-là et d'une façon parfaitement indépendante de vos rivalités politiciennes. Ben y'a du boulot!
Extrait du blog de Benoît Lobet