L’actualité récente nous a une nouvelle fois apporté son lot de violences gratuites, de souffrance et de morts. L’attentat de Manchester comme celui commis à l’encontre des pèlerins coptes en Egypte ont en commun d’avoir visé des personnes certainement heureuses et joyeuses. En Grande-Bretagne, ce sont des jeunes sortant d’un concert – et leurs parents qui les attendaient à la sortie de celui-ci -, qui ont vu s’écrouler, en l’espace d’un instant, la vie, la joie et le souvenir qu’ils auraient pu garder d’une soirée festive. En Egypte, les coptes qui se rendaient en pèlerinage au monastère Saint-Samuel, devaient eux aussi être heureux à l’idée de passer un moment important pour leur foi qui, à coup sûr, leur aurait laissé des souvenirs d’une rencontre avec Dieu, de l’intériorité de leurs prières et plein de choses à partager avec leurs proches.
Comment certains en arrivent-ils à bafouer la vie humaine et à pratiquer une culture de la mort? Comment des jeunes, nés dans nos pays et éduqués dans nos écoles, se transforment-ils en tueurs ? Tous, nous nous posons la question. Comme nous nous demandons si ces semeurs de terreur n’ont jamais connu la joie, la tristesse et peut-être même l’amour. Dans l’interview qu’il nous a accordée pour RCF, le procureur fédéral Frédéric Van Leeuw met le doigt sur les faiblesses de notre société: l’absence de mixité sociale, l’exclusion, le manque de perspectives d’avenir de certains jeunes. Pour le procureur, il est plus que temps qu’on dise à ces jeunes qu’ils font partie de la société et qu’on compte sur eux. Et si le pape François martèle l’importance de placer l’humain au centre de nos vies, dans tous les domaines, ce n’est pas anodin.
On rétorquera que c’est bien beau mais comment faire? Au moment où l’on parle beaucoup de moralisation de la vie politique, il vaudrait mieux ne pas ajouter d’adjectif et parler de « moralisation de la vie ». Il s’agit de combattre l’exclusion sous toutes ses formes et de résister aux clichés qui font de l’autre un potentiel danger. A cet égard, les croyants, mais aussi les hommes et femmes de bonne volonté, ont un rôle majeur à jouer. L’Evangile nous y invite. La tâche est immense? Bien sûr, mais comme le soulignait le philosophe chinois Lao-Tseu: « un voyage de mille kilomètres commence toujours par un premier pas ».
Jean-Jacques DURRÉ
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