En cette période chahutée que traverse notre société, il est important de ne pas avoir peur de dire clairement les choses. Avoir des propos forts est donc recommandé, non pour heurter ceux qui les entendent, mais pour mettre en avant les maux de notre monde et les souffrances qui en découlent.
A l’heure où le vote extrémiste ou populiste semble ne plus faire peur ni rebuter les citoyens - preuve sans doute de la fin d’un système - il est urgent que des voix s’élèvent pour mettre en garde contre les dérives. Le pape François est sans aucun doute celui qui, par ses propos, bouscule. Ce qui lui vaut d’ailleurs un flot de critiques, voire de quolibets. Ainsi, la présidente du Front national en France, qui sera présente au second tour de l’élection présidentielle, n’apprécie nullement les discours de François envers l’accueil des migrants. Marine Le Pen, qui se définit pourtant comme "extrêmement croyante et chanceuse de n’en avoir jamais douté", dit être fâchée avec l’Eglise, "qui se mêle de tout sauf de ce qui la concerne". En revanche, pour l’autre candidat à la présidence française Emmanuel Macron, "être chrétien, c’est défendre les droits des plus pauvres, ce n’est pas se battre pour retirer des droits à des hommes et des femmes". La différence est là. On peut lire les évangiles, les connaître même par cœur, si nous ne vivons pas ce qu’ils nous proposent, nous sommes en porte-à-faux.
Tenir des propos fermes, c’est oser vivre cette Bonne nouvelle. Le week-end dernier, lors d’une cérémonie pour les "martyrs chrétiens" de notre temps, le pape François a "remis le couvert" (si vous me permettez cette expression triviale) en dénonçant le sort des réfugiés parqués dans des camps, qu’il n’a pas hésité à qualifier de "camps de concentration pour réfugiés", en raison d’accords internationaux "qui semblent plus importants que les droits de l’homme". François ne voulait pas heurter ses frères juifs. Au départ de l’histoire épouvantable d’un musulman, rencontré dans un camp de migrants en Grèce, qui lui avait confié avoir vu sa femme chrétienne égorgée devant lui, il a seulement mis en exergue une situation inacceptable.
Il a raison: il faut parfois tenir des paroles qui bousculent pour que nous puissions rouvrir nos yeux et nos cœurs à ceux qui sont les plus fragiles, dénoncer les abus et dérives. C’est à ce prix que peut renaître l’espoir d’un monde meilleur.
Jean-Jacques Durré
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