Dans la principauté liégeoise, l’église dédiée à l’apôtre Jacques est l’objet de toutes les attentions. L’Institut du Patrimoine wallon lui consacre un volume de qualité, faisant le point des connaissances actuelles sur l’histoire de l’édifice religieux.
Les bâtiments en disent long sur l’âme de leurs contemporains. Plus ou moins soignés, selon les temps et les modes, ils traduisent les préoccupations des époques qui les ont vus passer, avec un degré d’attention variable. Parfois nécessaires, quelquefois sophistiquées, les rénovations sont à la mesure de l’intérêt des générations. Emblèmes d’une région ou d’une ville, les constructions religieuses ont marqué de leur empreinte les paysages. Des quartiers entiers ont été bâtis à proximité immédiate de celles-ci.
L’abbaye bénédictine de Saint-Jacques voit le jour avec le deuxième millénaire, sous l’impulsion de l’évêque Baldéric II, le successeur du renommé Notger. La date exacte de la fondation demeure étonnamment mystérieuse, tout au plus est-elle située aux alentours de 1015. Régie par la règle bénédictine, la communauté s’est déployée à l’intérieur de l’enceinte monastique, même si un ancrage local fort l’a distinguée des autres institutions bénédictines à la fin du Moyen-Age. Au-delà des aspects plus anecdotiques du mode de vie, comme le mode préconisé de cuisson des aliments, l’ouvrage embrasse l’histoire de cet édifice remarquable depuis sa construction jusqu’au démantèlement du domaine (les moines ont essaimé et établi des domaines agricoles, notamment dans la Hesbaye féconde) et les 200 ans de restauration qui ont suivi et sont toujours en cours dans la principauté liégeoise.
L’amour des livres
L’abbaye bénédictine a également brillé par la qualité de sa bibliothèque, aux manuscrits nombreux et soignés. Ce sont tous les domaines de la pensée qui s’y trouvaient étudiés: théologie, spiritualité, lettres classiques, arts libéraux, médecine… Considérée comme l’une des plus belles bibliothèques de l’Europe à la fin du XVIIe siècle, elle a été disséminée aux quatre coins de l’Europe en 1788, lors d’une vente publique qui a duré deux semaines… Dans ce patrimoine littéraire figuraient des centaines de manuscrits précieux dont certains n’ont pas été retrouvés.
Des déclinaisons de sculpture baroque
Parmi les merveilles protégées et sauvegardées dans l’église Saint-Jacques, les statues baroques sont somptueuses dans leurs drapés de bois. Car il s’agit de tilleul polychromé et non pas de marbre blanc venu d’Italie! Au XIXe siècle, une quinzaine de sculptures, présentes notamment dans le chœur de l’édifice, disparurent sous d’autres cieux pour être remplacées par des pièces néogothiques… Parmi les artistes représentés, Jean Del Cour est assurément l’enfant du pays. Celui-ci s’est distingué par des sculptures d’une remarquable maîtrise, telle l’Immaculée Conception, au manteau déployé avec une légèreté rarement égalée. La beauté grandit le cœur du spectateur. Ce livre en atteste avec ses nombreuses photographies et des analyses rigoureuses. Un ouvrage pour les amateurs d’art religieux, et, plus largement, pour tous ceux qui sont sensibles à la présence du sacré dans la cité.
Angélique TASIAUX
« L’église Saint-Jacques à Liège. Templum pulcherrimum. Une histoire, un patrimoine », sous la direction de Dominique Allart, Mathieu Piavaux, Benoît Van den Bossche et Alexis Wilkin. Institut du Patrimoine wallon, 2016, 346 pages.