L’Eglise catholique est “le génie de Satan”, avait déclaré Robert Jeffress en 2010. Le pasteur baptiste a présidé la cérémonie religieuse qui a précédé l’investiture du président américain Donald Trump, le 20 janvier 2017.
Le pasteur Jeffress a vigoureusement soutenu le milliardaire texan, durant les derniers mois de sa campagne, rapporte le média américain CNN. Le choix de ce télévangéliste, qui a une longue histoire de déclarations homophobes, islamophobes ou anticatholiques, a surpris nombre d’observateurs. Donald Trump, de confession presbytérienne, n’avait pas de lien connu avec le pasteur, qui dirige la First Bapist Church, à Dallas. Mais le nouveau chef d’Etat avait déclaré par le passé “j’aime ce type!”.
L’islam, issu du “puits de l’enfer”
Le service religieux donné le 20 janvier au matin à l’église épiscopalienne St-John, en face de la Maison Blanche, a perpétué un rituel moderne lié au jour de l’investiture présidentielle. A l’exception de Richard Nixon en 1973, chaque président depuis Franklin Roosevelt a assisté à un office religieux le jour de son investiture. Beaucoup l’ont fait dans cette même église St-John. L’événement est séparé de la cérémonie d’investiture en tant que telle et de l’office interreligieux qui s’est tenu le samedi 21 janvier à la cathédrale épiscopalienne nationale de Washington. Un imam faisait partie du groupe de dignitaires religieux ayant prié pour le nouveau mandat présidentiel.
D’habitude, le service religieux du jour de l’investiture passe passablement inaperçu. Mais le fait d’offrir une telle tribune à Robert Jeffress a pu choquer des minorités religieuses, note CNN. En particulier les représentants de l’islam, que le baptiste considère comme une hérésie issue du “puits de l’enfer”.
L’Eglise catholique, une “excroissance du Mystère babylonien”
Le pasteur dirige une “megachurch” de 12’000 membres à Dallas. Il est régulièrement invité à s’exprimer sur la chaîne de télévision Fox News. Mais pour de nombreux Américains, il est plus connu pour ces fréquentes condamnations du mormonisme, décrit comme une “secte”. Il avait ainsi appelé à voter contre le mormon Mitt Romney, rival républicain de Barack Obama en 2012.
A propos de l’Eglise catholique, il a estimé en 2010 qu’elle était une excroissance d’une “corruption” appelée “le Mystère Babylonien”. Le pasteur a poursuivi: “beaucoup de ce qu’on peut voir dans l’Eglise catholique aujourd’hui ne provient pas des paroles de Dieu. Cela vient d’une religion païenne assimilable à une secte. Ne voit-on pas là le génie de Satan?”
Robert Jeffress a également accusé Barack Obama d'“ouvrir la voie” à l’Antéchrist. Il a en outre diffusé de fausses statistiques sur la diffusion du sida chez les homosexuels, considérant que ces personnes menaient une vie “misérable” et “répugnante”.
“Dieu n’est pas contre la construction de murs”
Environ 300 personnes dont Donald Trump lui-même et son vice-président Mike Pence ont assisté à la cérémonie. Robert Jeffress s’est efforcé d’y défendre les positions du nouveau président. “Dieu n’est pas contre la construction de murs”, a-t-il notamment déclaré. Il faisait référence au projet du magnat de l’immobilier de bâtir un mur à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique. Une perspective dénoncée par le pape François lors de son voyage dans ce dernier pays, en février 2016. Le pontife avait alors estimé que “celui qui construit des murs n’est pas chrétien”.
Le pasteur baptiste a justifié ses propos en citant l’histoire de Néhémie, dans l’Ancien Testament, qui avait entrepris de reconstruire les murailles d’enceinte de Jérusalem.
Donald Trump lui-même s’est référé plusieurs fois à Dieu et à la Bible lors de son discours d’investiture. Il a notamment estimé que les Etats-Unis étaient protégés par l’armée et la police du pays mais également par Dieu. “La Bible nous rappelle comme il est bon que le peuple de Dieu vive dans l’unité”, a en outre affirmé le nouvel homme fort du monde.
Cath.ch