Allons-nous enfin nous réveiller? Pardonnez cette interrogation un peu brutale, mais les derniers événements sur le plan politique, dans notre pays, me consternent. Alors que, jusqu’à présent, un "cordon sanitaire" avait été installé pour ne pas diriger avec l’extrême-droite flamande, il semble se défaire. Plusieurs partis seraient d’accord de diriger avec le Vlaams Belang pour peu qu’il accepte "leur programme". Allons-donc: tout le monde sait que la politique belge est affaire de compromis et que donc aucun parti ne peut diriger sur la base de son seul projet politique. On avance le fait que ce "cordon" n’est pas démocratique. C’est vrai que ces partis extrémistes – de droite comme de gauche - ont une légitimité démocratique puisque des électeurs les ont choisis. Souvent par désespoir de ne pas voir leurs attentes rencontrées. Mais qui, depuis des décennies, a tenté d’affronter leurs arguments et de les démonter un à un pour montrer précisément à leurs électeurs le danger que représente l’idéologie véhiculée?
Par ailleurs, le secrétaire d’Etat à l’Asile et à la Migration envisage de remettre les mineurs en centres fermés. La Belgique a été condamnée à trois reprises par la Cour européenne des Droits de l’Homme pour avoir précisément enfermé ces enfants mineurs. Mais ici, la proposition de Théo Francken est plus subtile: ils ne sont pas seuls puisqu’ils seront accompagnés de… leur famille! Mais ils seront tout de même privés de liberté, tout comme leurs parents.
En matière de délit, la loi prévoit que tout accusé est présumé innocent et, s’il ne présente aucun danger, l’inculpé est laissé en liberté. Ce n’est pas le cas pour les migrants dont le seul méfait est d’être ce qu’ils sont: des gens à la recherche d’une vie meilleure, fuyant la misère et la guerre. Cette stigmatisation permanente des migrants doit cesser! Alors que l’on célèbre la Journée du Migrant, il est temps que les démocrates dignes de ce nom appellent à l’arrêt de toutes mesures stigmatisant les réfugiés, lesquelles portent atteinte à leur dignité mais sont aussi le terreau idéal pour faire naître un racisme que notre société moderne doit combattre de toutes ses forces.
Jusqu’où va-t-on laisser faire ce "lissage" pernicieux d’idées extrémistes, qui, petit à petit, s’installent insidieusement dans nos pensées? On l’a encore tristement constaté avec les réactions racistes sur les réseaux sociaux lors du décès de ce jeune belgo-turc, qui a péri dans l’attentat d’Istanbul le 31 décembre. Allons-nous réagir quand il sera trop tard? Plus que jamais, il est temps de prendre conscience que l’avenir sera ce que nous voulons en faire.
Jean-Jacques DURRE
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