L’incident intervenu la semaine dernière à la Chambre à l’encontre d’une députée limbourgeoise d’origine marocaine ne doit pas nous laisser indifférents. Peu importe les paroles qui ont été réellement prononcées, c’est inacceptable. Même si le député qui les a prononcées s’est excusé publiquement. Certains ont parlé de “dérapage”. C’est pire que cela. C’est l’illustration même du climat actuel dans notre pays, à l’encontre de certaines catégories de la population. Il y a là une dérive dangereuse. Et que cet incident se passe au sein du Palais de la Nation est encore plus significatif. Nos élus se doivent de montrer l’exemple, tout le monde s’accorde sur cela. Mais ils sont aussi des femmes et des hommes qui éprouvent des sentiments. C’est précisément là que le fait est interpellant. Stigmatiser la population belge d’origine étrangère rappelle de très mauvais souvenirs.
Ce qui m’inquiète, c’est que, trop souvent, ce type de dérive n’est pas sanctionné. Certains propos tenus par des élus du parti nationaliste du Nord du pays sont parfois "limite". Alors, pourquoi les partis traditionnels ne s’élèvent-ils pas contre ceux-ci? Sans doute parce qu’ils ne veulent pas se mettre à dos une partie de l’électorat. Les sondages le montrent: le sentiment de peur à l’égard des migrants et réfugiés, de rejet à l’égard de compatriotes d’origine étrangère, s’amplifie. On comprend mieux, dès lors, la raison de ce silence “honteux”. Courir derrière les extrémistes, qu’ils soient de droite ou de gauche, en reprenant, de manière édulcorée, certaines de leurs thèses, n’est pas une solution pour les combattre. C’est de la couardise.
Le pape François dit souvent qu’il faut aller à contre-courant. C’est cela le vrai courage: combattre les idées simplistes des extrémistes par des arguments. Et tant pis si, dans un premier temps, cela implique de perdre des voix aux élections, comme Angela Merkel vient de le vivre en Allemagne. Au moins, nous n’y perdons pas notre âme. Il y a 70 ans, des gens se sont élevés contre la barbarie, au risque de leur vie. C’est grâce à cela que la démocratie a pu se (re)construire. Défendre les plus fragiles de la société et ceux qui sont victimes d’un racisme verbal à peine dissimulé doit être une priorité. Nous vivons des temps chahutés et les problèmes socio-économiques et de société sont autant de défis à relever, avec courage, lucidité et clarté. Sans cela, l’Histoire risque de se répéter. Il y va de notre avenir et de la société que nous souhaitons laisser aux générations futures.
Jean-Jacques Durré
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