C’était l’autre jour, pendant la Messe dominicale. Un tout petit garçon (3 ou 4 ans maximum!) s’avance tout seul devant l’autel, près des marches du chœur.
Comme on en était à la prière eucharistique, la chorale venait de soutenir l’assemblée pour chanter que le Seigneur est trois fois saint, qu’il est le Dieu de l’Univers.
Le petit s’avance encore, comme s’il avait l’intuition que des choses importantes allaient se passer. En effet! Le prêtre prend du pain dans ses mains, l’élève solennellement, un beau son de cloche résonne trois fois (c’est l’habitude dans l’église où se trouve le gamin). Rituel identique avec la coupe. Puis une acclamation. Il est venu voir plus tard tous les « grands » qui recevaient « quelque chose » en main et le mangeaient.
Heureusement, personne ne l’a rabroué! Personne ne s’est dit: « c’est la consécration, ce petit garçon manque de respect! » Heureusement.
C’est ainsi aussi (et surtout) que les petits s’initient à nos gestes rituels, aux paroles dont ils ne comprennent rien… sauf que c’est important. Le gamin a fait ce qu’il y a de plus naturel. Il est venu voir de près ce qui se passe. Toute son attitude disait: « qu’est-ce qu’il y a à voir ici? » Et heureusement, au cours de nos liturgies, il y a des choses à voir. Nos liturgies sont « actions » (puisqu’il y a « urgie » dans le mot liturgie, comme dans chirurgie, métallurgie…).
Qu’est-ce que le petit comprend lors d’une messe? Rien, penseront certains. L’essentiel, disent au contraire les pédagogues liturgistes. L’enfant, pour pouvoir progressivement s’initier et « entrer dans la grande famille chrétienne », doit pouvoir être immergé dans un peuple de croyants (dont ses parents et/ou des proches) qui marchent de chez eux, se rejoignent dans l’église et en Eglise. Il faut qu’il puisse observer de près la joie de célébrer, l’importance de la prière, l’attention de tout un peuple. Il faut qu’il puisse voir, sentir, entendre, toucher… pour pouvoir progressivement goûter les gestes d’alliance, d’amour, de confiance… entre Dieu et son peuple, dont il fait partie. Il faut que, tôt ou tard, il se pose des questions par rapport aux objets bizarres, au sens des mots et des expressions, aux gestes posés.
Progressivement, plus tard, il entrera dans l’intelligence des mots, des récits, des rites. Mais tout cela se construira sur les fondations de ce qui est passé par ses sens et par ses intuitions. De grâce, de nos jours, « laissez venir à Lui les petits enfants. Ne les empêchez pas » (Mc 10,14). A l’église, pendant les célébrations, laissez-les gambader, laissez-les explorer le lieu, les objets, l’action du peuple de Dieu, sauf en cas de danger imminent, évidemment!
Diacre Luc Aerens
Professeur de pédagogie pastorale