Le grand leurre


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Le grand leurre
Par Jean-Jacques Durré
Publié le
2 min

JJDLes conséquences des attentats de Paris ont rouvert les discussions sur l'inscription de la laïcité dans la Constitution belge. Deux parlementaires de la majorité, soutenus, il faut le dire, par une large frange d'élus d'obédience laïque ou franc-maçonne, entendent faire de la Belgique un état laïc, sous le prétexte que la neutralité inscrite dans la Constitution ne convient plus, au vu des événements que nous avons vécu.

Disons-le sans ambages: c'est un grand leurre!

D'abord parce que ce n'est pas l'inscription de la laïcité comme principe de base de notre Constitution qui empêchera toute radicalisation. Ce débat m'apparaît comme secondaire: ce qu'il faut, c'est donner un projet à notre jeunesse, un avenir, une espérance. C'est là que doit se situer le débat et il devrait mobiliser tous les élus et les citoyens. Mais hélas, c'est le désert. Est-ce parce que la tâche semble impossible? Que le défi apparaît comme titanesque? Il n'empêche: ne pas réfléchir à notre avenir, à ce que nous voulons pour notre pays et nos compatriotes d'ici dix voire vingt ans, c'est passer à côté de l'essentiel et c'est inacceptable!

Inscrire la laïcité dans la Constitution est aussi un grand leurre dans la mesure où la neutralité de l'Etat est largement suffisante. Les défenseurs de cette idée de faire de notre pays un état laïc avancent l'exemple français. Et c'est la toute la supercherie de leur démarche. La laïcité à la française n'a rien avoir avec celle de la Belgique. Pourquoi, ces adeptes de l'inscription du principe de laïcité de l'Etat belge "oublient"-ils de rappeler que dans notre pays, la laïcité organisée est financée de la même manière que les différents cultes reconnus? Pourquoi ne disent-ils pas qu'en juin 2002 a été promulguée une loi de reconnaissance de la laïcité organisée, par le biais du Conseil central des communautés philosophiques non confessionnelles. Grâce à cette loi, les traitements et les pensions des délégués qui fournissent une assistance morale non confessionnelle sont pris en charge par l’Etat, en application de l’article 181 de la Constitution, qui avait été révisé en ce sens près de dix ans plus tôt.

Cette "omission" est bien évidemment voulue. La situation actuelle est parfaitement suffisante et nous devons nous opposer à ce nouveau "combat" laïc, en rappelant que depuis sa création, l’Etat belge admet le principe d’une nécessaire séparation entre les Eglises et l’Etat. Plus personne, même dans le monde catholique ne remet cela en question. En accordant des aides publiques à différentes organisations religieuses et philosophiques, l'Etat belge reconnaît ainsi le rôle social qu’elles jouent dans la société. Ce n'est pas le cas en France. Il faut le dire! Assez "d'enfumage".

Jean-Jacques Durré

 

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