L’époque actuelle n’est pas facile, tous en conviendront. Le mot "crise" est sur toutes les lèvres, et est surtout assorti de multiples qualificatifs, qui font que l’on parle "des crises". Migratoire, financière, sociale, environnementale, sociétale, chômage, exclusion… Tout cela alourdit le climat quotidien dans lequel nous évoluons et nous donne l’impression de vivre une période sinistre. Cette conjoncture peu agréable ouvre malheureusement le chemin aux populistes de tous poils, aux excès verbaux et, dans la foulée, aux prises de décision (trop) rapides qui n’ont pas fait l’objet d’une analyse profonde quant aux effets qu’elles auront sur l’avenir de chacun d’entre nous. La démission des Etats est hélas de plus en plus répandue, à tous niveaux.
Quelques exemples. Les Restos du cœur fêtent cette année leurs trente ans. Personne ne pensait en 1986 que les demandes d’aide seraient nécessaires trois décennies plus tard! Rien que sur l’année 2015, en France, plus de 128 millions(!) de repas ont été distribués. En Belgique, les Banques alimentaires viennent en aide chaque année à plus de 130.000 démunis, par la distribution de plus de 13.000 tonnes de vivres. Dans un autre domaine, on "paie" la Turquie pour qu’elle garde les réfugiés chez elle. Pourquoi? Parce que nous sommes incapables d’examiner le défi de la migration et de le surmonter. Le chômage diminue… Tant mieux, mais 25.000 personnes en sont exclues et sont donc hors statistiques. Le budget est sur les rails, mais il manque finalement 2,2 milliards! Mon propos n’est pas de crier avec les loups, mais de dire "Attention danger! Ressaisissons-nous". Si nous poursuivons de la sorte alors que le chemin est semé d’embûches, nous allons droit dans le mur. Les populistes pourront se réjouir, ils auront de beaux jours devant eux. Eux dont l’objectif est de profiter de la peur de nos concitoyens pour proposer des solutions soi-disant miracles, mais qui sont tout bonnement simplistes. Avec les conséquences funestes que l’histoire a connues!
Jean-Jacques Durré
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