A-t-on perdu la tête? Que la crise des réfugiés inquiète bon nombre de citoyens, on peut le comprendre. Cela n'autorise pas pour autant tous les débordements verbaux auxquels nous assistons depuis des mois. Personne à ce jour n'a eu le courage d'être un peu didactique et d'expliquer en quoi cette crise, qui est un vrai défi - il faut le reconnaître - peut se révéler une opportunité pour nos pays et la vieille Europe! Heureusement, des voix s'élèvent, notamment dans les associations, chrétiennes ou non, qui, au quotidien, viennent en aide à ces migrants chassés de chez eux et qui cherchent seulement à vivre décemment et en paix. Mais elles crient moins fort que les loups. Des citoyens se lèvent pour soulager cette misère, mais "on" les taxe au mieux de naïfs. Et lorsque le pape parle de dignité humaine, nombreux sont ceux qui acquiescent mais qui ne modifie en rien leur comportement et leur pensée. Peut-être est-cela qui a poussé François à déclarer que "la religion chrétienne est une religion concrète, qui agit en faisant le bien, non une religion du dire, faite d’hypocrisie"?
Quand le gouverneur de Flandre Occidentale appelle à ne pas ravitailler les migrants (à l'instar de l'interdiction de nourrir les mouettes sur les plages de la côte!), c'est insupportable. Lorsque le bourgmestre de Knokke-Heist estime qu'il faut "parquer" les réfugiés illégaux dans un camp "comme Guantanamo" (sic!) - en précisant qu'on ne doit pas les torturer (ouf, on respire) -, on atteint les limites de l'ignominie.
Ça suffit!
Ces propos sont indignes comme les hommes qui les prononcent. Ils n'ont pas leur place à des postes de responsabilités publiques. Qu'on me pardonne ma colère, mais c'est intolérable. Qui les rappellera à l'ordre?
Face à la crise migratoire, nos élus "roulent des mécaniques". En France, on rase la "jungle" de Calais, mais cela ne résout en rien le problème. Chez nous, on rétablit les frontières comme d'autres pays européens, faisant faire à l'Union un bon en arrière de 30 ans! On instaure des contrôles policiers dans les rues des stations balnéaires, comme dans les années 40. Et lorsque des réfugiés ne sont pas en ordre de papiers, on les renvoie d'où ils viennent en sachant qu'ils reviendront par un autre chemin. Ces mesures sont de la poudre aux yeux pour "satisfaire" le "bon peuple inquiet". Regarderons-nous détruire ce que nous avons mis 70 ans à construire? Va-t-on mettre à mal notre sens de l'accueil? Acceptons-nous vraiment de laisser bafouer la dignité humaine? Je ne peux et ne veux pas m'y résoudre!
Jean-Jacques Durré