En février dernier, l'annonce du retrait volontaire du fondateur de la fraternité avait suscité l'étonnement. Un peu plus de six mois plus tard, le temps de réunir un chapitre, la joie et la paix entourent l'annonce de l'élection d'un nouveau serviteur général. Bienvenue à frère Bart.
A l'heure de la rentrée des classes, la fraternité de Tibériade a osé un exercice audacieux avec la tenue d'un chapitre, qui a débuté par l'élection du nouveau serviteur général. Frère Marc est un personnage emblématique, qui incarnait pleinement la fraternité de Tibériade. Son retrait de la vie de la communauté pour une année sabbatique s'est avéré un choix confiant, porteur d'avenir, dans la lignée de la renonciation de Benoît XVI. Oui, la communauté est désormais mûre pour voler de ses propres ailes, sans rester dans le giron de son fondateur.
Un large rayonnement
La fraternité compte aujourd'hui 32 frères et 11 sœurs dont 7 frères (5 en Belgique et 2 au Congo) et 4 sœurs novices, répartis entre Lavaux-Sainte-Anne, un village près de Rochefort, les deux fondations de Lituanie et du Congo, sans oublier une présence aux Philippines. Il y a deux ans, la fraternité a éprouvé le besoin de rédiger sa constitution. Un texte-ressource qui s'est avéré précieux pour la constitution de ce chapitre, marqué par la nomination d'un nouveau serviteur général en la personne de frère Bart. Né en 1977 à Kessel-Lo, près de Leuven, ce Brabançon, originaire d'une famille pratiquante, a été désigné le 5 septembre pour un mandat renouvelable de six ans. Sa désignation clôt un semestre d'incertitude. Elle marque également un signe de cohésion entre les communautés flamande et francophone du pays. Parfait bilingue, le trentenaire a étudié les sciences religieuses, avant d'entrer dans les ordres. C'est en 2005 qu'il a prononcé ses vœux définitifs, pour accéder à la prêtrise en 2007. Huit ans plus tard, le voilà en charge de la fraternité. Un fameux travail de coordination, comme il le reconnaît lui-même.
De l'importance du quotidien
"La foi se vit concrètement", insiste frère Bart. "Il faut mettre de l'amour dans tout. Si la vie est exigeante en termes de flexibilité et d'économie, la vie spirituelle implique de la détermination." La quête spirituelle prend nécessairement du temps, elle repose sur des renoncements. "On veut courir alors qu'on est fait pour marcher lentement dans la vie. Le souffle de Dieu est le don premier." Côtoyant de nombreux jeunes, le frère observe parmi ceux-ci de grandes blessures, et surtout "le manque d'une parole de confirmation dans leur identité". Là encore, il faut "dire, encourager, prendre le temps pour confirmer les enfants dans ce qu'ils sont". C'est l'accueil "miséricordieux" du pèlerin quel qu'il soit. Et Dieu sait s'il en passe des pèlerins à Tibériade! Confiants dans la providence, les frères et sœurs vivent de dons. Ils travaillent de leurs mains, cultivent, collectent les merveilles de la nature et prennent soin de leur bétail. La sérénité habite les lieux, pour qui aime à les visiter. Il importe, souligne encore frère Bart, "de se donner des temps de vacuité pour demeurer en Dieu. On ne peut pas donner si on n'est pas nourri." D'où l'importance vitale de "s'enthousiasmer et d'être dans l'Espérance. Le Seigneur est à l'œuvre. Nous devons apprendre à Le voir et Le laisser œuvrer dans notre propre vie." Un enthousiasme partagé par l'ensemble de la communauté. De Belgique, de Lituanie, du Congo ou d'Asie, tous sont venus à Lavaux pour débuter une nouvelle page de l'histoire de la fraternité, en présence d'un moine de Cîteaux. Un parrainage qui ne manque pas d'impressionner, comme le relève sœur Claire.
Angélique TASIAUX
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