Trois nouvelles personnalités reçoivent le titre de docteur honoris causa de l’UCL ce 2 février: André Brink, Eve Ensler et Jean-Claude Guillebaud. Ils ont en commun l’écriture, celle qui permet de résister, de bousculer, d’alerter.
C’est par leurs écrits, leurs actes engagés que ces trois écrivains se battent pour faire évoluer les politiques et la société.
André Brink. Né en 1935, dans une famille afrikaner, André Brink est l’une des grandes figures de la littérature sud-africaine, d’expressions afrikaans et anglaise. Diplômé de l’université de Potchefstroom (Afrique du Sud), où il obtient une licence, deux maîtrises (d’afrikaans et d’anglais), il poursuit ses études en littérature comparée en France où il rencontre des étudiants noirs traités sur un pied d’égalité sociale avec les autres étudiants. Il prend alors conscience des effets néfastes de l’apartheid sur ses concitoyens noirs.
Au fil du temps, il durcit sa position contre la politique d’apartheid. De retour en Afrique du Sud, il devient maître de conférences en littératures afrikaans et hollandaise, à l’université Rhodes à Grahamstown et docteur ès lettres (en 1975).
En 1980, il obtient le prix Médicis étranger pour « Une saison blanche et sèche », livre qui lui vaut une reconnaissance mondiale, mais qui sera censuré en Afrique du Sud.
Eve Ensler. Née en 1953 dans l’Etat de New York, Eve Ensler est une dramaturge, artiste, féministe et activiste américaine. Le militantisme est au cœur de sa vie. A travers ses œuvres, elle se bat contre toute forme d’injustice et cherche à briser les tabous concernant la sexualité des femmes. Elle est surtout connue pour sa pièce de théâtre « Les Monologues du vagin », jouée dans 140 pays et traduite en 48 langues.
Elle est à l’origine de la fondation V-Day, une association qui lutte contre les violences faites aux femmes et qui, depuis sa création en 1998, a déjà réussi à engranger 100 millions de $, au bénéfice de diverses associations. En février 2011, Eve Ensler a notamment inauguré la Cité de la joie à Bukavu au Congo, qu’elle a fondée avec Christine Deschryver. Né de la rencontre avec le gynécologue Denis Mukwege, docteur honoris causa de l’UCL en 2014, ce refuge accueille des milliers de femmes victimes de viols et leur permet de se reconstruire.
Jean-Claude Guillebaud. Né en 1944 en Algérie, Jean-Claude Guillebaud est un écrivain, essayiste, conférencier et journaliste français.
Figure importante du journalisme, Jean-Claude Guillebaud a été grand reporter pour Sud-Ouest (1965-1972), Le Monde (1972 à 1983) et le Nouvel Observateur (depuis 1989). Il a présidé Reporters sans frontières de 1987 à 1993. Il est éditorialiste à l’hebdomadaire La Vie et au journal Sud-Ouest. Directeur littéraire aux éditions du Seuil (1978-2010) puis aux éditions des Arènes (depuis 2010), il a également co-fondé et dirigé les éditions Arléa de 1986 à 1998.
Jean-Claude Guillebaud exerce avec passion son métier d’écrivain et d’intellectuel engagé. Au travers de ses analyses critiques, il contribue à nous «mettre en alerte» et à repenser l’importance accordée aux valeurs et aux idées dans un environnement en évolution rapide.
Ses livres ont été couronnés par plusieurs prix, notamment le Prix Roger Nimier pour Le voyage à Kéren; le Prix Jean-Jacques Rousseau pour La trahison des Lumières: enquête sur le désarroi contemporain; le Prix Renaudot Essai pour La tyrannie du plaisir.
L’UCL a choisi d’honorer ces trois écrivains qui ont choisi l’écriture pour résister aux oppressions. Mais au-delà des trois personnalités honorées, l’UCL veut redire publiquement que les établissements d’enseignement, la presse, la littérature sont autant de lieux de formation à l’esprit critique, à la conscience citoyenne, à l’apprentissage de la vie en démocratie.
UCL/SB
Photo: André Brink