Plus de 4 millions de personnes dans les rues de France, des milliers de par le monde. Nous étions tous, en ce dimanche, citoyens du même monde et enfants d’un même Père.
Catholiques, chrétiens, agnostiques, athées, laïcs, juifs, musulmans… Unis dans une même démarche de solidarité, de prière. Sans même le savoir. Quelle que soit notre foi, notre philosophie, notre métier, notre croyance, notre irrévérence, au-delà de la tristesse et de la colère, c’est le même sentiment qui a animé ceux qui ont défilé en ce dimanche de janvier, au lendemain des tueries qui ont frappé nos voisins français. Ceux qui croient comme ceux qui ne croient pas ont en fait élevé une même prière vers le Père, pour dire « NON ». Non, aucune cause, aucune foi, ne justifie que l’on brise des vies, que l’on sème la haine. Non à la barbarie qui sévit au-delà des frontières. Non à ceux qui veulent tuer la liberté d’expression. En s’attaquant à Charlie Hebdo, c’est à un symbole que l’on s’est attaqué; symbole qui nous est cher et précieux. Même si Charlie Hebdo provoque et heurte la foi, le sacré et le divin, ce que je ne cautionne pas, on ne peut accepter que des criminels tentent de museler cette liberté pour laquelle tant de citoyens du monde ont perdu la vie au fil des siècles et des ans. Le pape François, malgré l’irrévérence et l’irrespect de Charlie Hebdo, a dédié sa messe matinale de jeudi aux victimes de ce massacre. Combien de fois a-t-il répété que « tuer au nom d’une foi et d’une religion, est un sacrilège ». En septembre dernier, quelque 300 dignitaires religieux ont participé à Anvers à la Rencontre de la Paix, rappelant que toute religion est pour cette paix entre les peuples. Au-delà des différences, nous étions tous aujourd’hui des frères et sœurs d’un même monde, unis pour s’élever contre l’intolérance, l’obscurantisme, la haine…
Après l’effroi, c’est l’espérance qui a défilé dans les rues du monde, de Paris à Sydney, en passant par l’Afrique, l’Asie, la Russie, l’Europe, le Moyen-Orient. C’est une immense prière d’espoir qui s’est élevée pour que le monde devienne plus libre, plus juste, plus solidaire. Cela doit nous réjouir, malgré la tristesse. Car n’oublions pas que des musulmans meurent tous les jours au Pakistan, en Syrie, en Afghanistan et que nous devons aussi les porter dans nos pensées et nos prières.
Jean-Jacques Durré