Dans un article publié mercredi 22 octobre par l’Osservatore Romano, le préfet de la Congrégation pour la doctrine de l’Eglise (notre photo) exclut toute ouverture aux sacrements pour les divorcés remariés. Il apporte ainsi un démenti cinglant à ceux qui doutaient de la continuité doctrinale entre Benoît XVI et le pape François.
Dans un long article intitulé « La force de la grâce » et publié ce mercredi 22 octobre dans le quotidien du Vatican, Mgr Gerhard Mueller, le préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, rappelle la position traditionnelle de l’Eglise sur le mariage. En fait, ce texte n’est pas récent. Il avait déjà été publié en juin dernier dans le quotidien allemand « Tagespost », alors que la question des divorcés remariés agitait l’opinion publique. Depuis, le pape François a convoqué un Synode extraordinaire des évêques en octobre 2014, consacré aux défis pastoraux de la famille.
Pas d’admission aux sacrements
La publication de cet article, avec l’autorisation du pape, laisse bien entendre, sans vouloir verrouiller par avance le débat synodal, que la position de l’Eglise mérite d’être encore expliquée. Pour Mgr Mueller, l’admission à l’eucharistie, ainsi qu’aux autres sacrements, ne peut être accordée aux personnes divorcées et remariées civilement. Il écarte également la possibilité pour l’Eglise catholique d’adopter une pratique voisine de celle de l’Eglise orthodoxe, dont les fidèles divorcés, après un temps de pénitence, peuvent contracter un second mariage. « Cette pratique n’est pas conciliable avec la volonté de Dieu, telle qu’elle est clairement exprimée dans les paroles de Jésus sur l’indissolubilité du mariage, et cela représente un problème oecuménique qu’il ne faut pas sous-estimer« , précise-t-il.
Un problème pastoral de grande portée
Cela étant, le préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi reconnaît la difficulté liée à cette question, et prend note de l’incompréhension relative des sociétés contemporaines quant à l’exigence de l’Eglise sur le mariage. « En raison du nombre croissant de personnes concernées dans les pays d’antique tradition chrétienne, il s’agit d’un problème pastoral de grande portée« , reconnaît-il. Il insiste donc sur la nécessité d’un accompagnement pastoral des divorcés remariés, pour qu’ils comprennent qu’il ne s’agit pas d’une discrimination exercée à leur égard, mais d’une « fidélité absolue à la volonté du Christ« . Il ajoute également que le souci des pasteurs à l’égard de ces personnes ne doit pas « se réduire à la question de la réception de l’eucharistie« . « Il existe encore d’autres manières d’entrer en communion avec Dieu. »
L’invalidité des unions, une piste à explorer?
La seule porte laissée ouverte par Mgr Mueller est celle que le cardinal Joseph Ratzinger avait ouverte en avril 1999. « L’indissolubilité absolue ne vaut que pour les mariages qui se situent dans le cadre de la foi dans le Christ« , écrivait alors celui qui allait devenir le pape Benoît XVI. Une idée que le préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi reprend à son compte. Comme beaucoup de chrétiens se marient à l’église sans toutefois « donner de valeur à l’indissolubilité ou à l’ouverture à la vie » lorsqu’ils prononcent leur oui, explique-t-il, « les mariages sont probablement plus souvent invalides de nos jours qu’ils ne l’étaient par le passé (…) C’est pourquoi une vérification de la validité du mariage est importante et peut conduire à une solution de problèmes. » Une piste qui sera probablement débattue lors du futur synode des évêques.
P. A. (avec La Croix et La Vie)
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