Cinquante-deux personnalités féminines ont signé une déclaration dans laquelle elles réclament la création d’un Tribunal pénal international (TPI) pour juger les crimes commis en République démocratique du Congo, notamment les viols systématiques utilisés comme arme de guerre.
Pour éradiquer les viols comme arme de guerre en RDC, 52 personnalités féminines, parmi lesquelles les ex-ministres françaises Rama Yade et Roselyne Bachelot, et Ingrid Betancourt, demandent au Conseil de sécurité de l’ONU de créer un Tribunal pénal international pour ce pays, en succession au TPI-Arusha qui ferme ses portes en 2014. Initiée par l’avocat congolais Hamuli Réty, cette déclaration – qui a déjà recueilli près de 2.000 signatures – est présentée comme une « solution incontournable pour la paix et la justice dans la région des Grands Lacs« .
Ce TPI serait « chargé de poursuivre tous les crimes répertoriés dans le rapport mapping des Nations unies« , un texte de plus de 550 pages concernant les violations des droits humains commises entre 1993 et 2003 en RDC. Ce document répertorie 617 incidents violents, mais souligne qu’il ne s’agit là que de la partie émergée de l’iceberg, car ce sont au total des dizaines de milliers de personnes qui ont été tuées, violées ou mutilées par des groupes armés ou des forces militaires étrangères.
Complices de barbarie ?
Ne pas ouvrir de TPI pour la RDC « serait une discrimination à l’égard de la femme congolaise, un déni de justice internationale, ainsi qu’un encouragement à commettre le génocide ou féminicide . Car en effet, après publication du rapport mapping et la multitude de rapports sur la situation de ces femmes, nul n’est plus fondé à prétendre n’avoir rien vu, rien su, ni rien entend », affirment les signataires. « Nous craignons avec raison que les générations futures, plus éclairées et plus philosophes, n’accusent les Français, les Européens et les Américains de ce siècle d’avoir été complices de barbarie« , ajoutent-elles.
La déclaration est notamment adressée au secrétaire général de l’ONU Ban Ki-Moon, aux présidents français François Hollande et américain Barack Obama, ainsi qu’à la présidente de la commission de l’Union africaine Nkosazana Dlamini-Zuma.
Un large soutien
Selon le site qui héberge la pétition (www.change.org/fr), le gynécologue congolais Denis Mukwege – réputé pour son aide aux femmes violées dans l’est de son pays, et déjà pressenti pour le prix Nobel de la paix – soutient la création de ce tribunal pour la RDC. Il en est de même du gouverneur de la province du Nord-Kivu (Est), Julien Paluku, pour qui « ce genre de juridiction » est « nécessaire pour mettre fin aux crises récurrentes dans l’Est de la RDC« .
« Il faudrait que tous les partis politiques, la société civile et les communautés locales s’engagent, que tout le monde s’investisse avec l’accompagnement de la communauté internationale, sinon je crains que tout ne soit bâclé. Or un tel tribunal pourrait vraiment décourager ceux qui veulent faire du mal« , a déclaré, pour sa part, Angélique Kipu, présidente à Kinshasa de la Ligue pour le droit de la femme congolaise.
Pascal ANDRÉ
Pour signer la pétition : http://www.change.org/fr/p%C3%A9titions/pour-un-tribunal-p%C3%A9nal-international-pour-la-rdc-en-succession-du-tpir-qui-ferme-en-2014