On dénonce volontiers l’absentéisme au travail. A l’inverse, il existe aussi le présentéisme, un phénomène qui consiste pour un employé à ne pas compter ses heures, et dont une variante, appelée le surprésentéisme, signifie que l’on vient travailler même lorsqu’on est malade.
Ce phénomène est beaucoup plus courant qu’on ne l’imagine puisqu’en Belgique il concernerait un belge sur deux. « Beaucoup d’entre eux hésitent à prendre des congés de maladie, soit parce qu’ils sont soumis à de fortes pressions managériales, soit parce qu’ils craignent que la charge de travail ne retombe sur leurs collègues. En clair, ils redoutent que ce jour de congé qu’ils devraient pourtant prendre ne crée des tensions et, au final, une forme d’exclusion », explique le sociologue français Denis Monneuse dans les colonnes du Soir (édition du 22 août).
Selon une étude menée en 2010 par la Fondation européenne pour l’amélioration des conditions de travail, ce surprésentéisme toucherait 50% des travailleurs belges mais sans doute davantage selon le sociologue français. Soit un taux nettement plus élevé que la moyenne européenne qui est de 40%.
Statut précaire, regard des autres
La multiplication des statuts précaires, l’instabilité du marché de l’emploi, les rémunérations basées sur des commisssions sont d’autres facteurs qui expliquent ce surprésentéisme. Les cadres supérieurs expliquent aussi une telle attitude par l’angoisse d’avoir à gérer des centaines de mails à leur retour ou la peur de passer pour quelqu’un qui ne supporte pas la pression.
Enfin, de manière paradoxale, c’est dans le secteur des soins de santé, et principalement dans le secteur hospitalier, que le surprésentéisme est le plus fréquent. Par crainte d’être remplacés par des collègues qui ne connaissent pas bien l’état de leurs patients, pour les médecins et les infirmiers du secteur hospitalier. Ou pour éviter de perdre une partie de sa patientèle pour le généraliste.
Dans des cas tout à fait extrêmes, un tel surprésentéisme peut-être fatal. Tout récemment, un jeune employé d’une banque de la City à Londres, a été retrouvé mort à son domicile. Malgré ses problèmes d’épilepsie, il avait enchaîné 72 heures de travail…
P.G. (avec Le Soir)