Si l’archevêque de Rio a dressé un bilan plutôt positif des Journées mondiales de la jeunesse, son enthousiasme est loin d’être partagé par tous. Les nombreux problèmes d’organisation qui se sont posé durant cet événement suscitent des interrogations quant à la capacité de cette ville à accueillir le Mondial 2014 de football et les Jeux olympiques de 2016.
« Copacabana n’avait jamais vu une foule aussi nombreuse, paisible et heureuse, réunie pour construire un monde meilleur« , a déclaré Mgr Joao Orani Tempesta, l’archevêque, le 30 juillet dernier, au cours d’une conférence de presse destinée à faire le bilan des Journées mondiales de la jeunesse, qui se sont achevées dimanche 28 juillet. Il est vrai que les chiffres cités sont impressionnants:
– 3 ,5 millions de personnes ont participé aux JMJ, alors que seuls 427.000 pèlerins s’étaient dûment inscrit, représentant 175 nationalités.
– 3 millions de fidèles ont assisté à la messe de clôture des JMJ.
– Pour accueillir et orienter cette foule immense, 60.000 volontaires se sont mobilisés.
– Les prêtres, religieux et religieuses sont venus très nombreux des cinq continents pour rencontrer le pape François. Selon les chiffres des organisateurs, 7.814 prêtres, 644 évêques, dont 28 cardinaux, et 632 diacres ont participé aux JMJ.
– Au cours des différentes célébrations, 4 millions d’hosties ont été distribuées, dont 800.000 pour la seule messe d’envoi.
– Au cours de ces JMJ, quelque 600 événements ont été organisés, parmi lesquels des messes, des cérémonies, des projections de films, des spectacles, des concerts, des expositions, etc.
– Près de 30.000 policiers et militaires ont été déployés à Rio durant les JMJ.
– Le coût de l’événement est estimé à 119 millions d’euros, dont 40 millions ont été financés par l’Etat brésilien, ce qui a fortement déplu à une partie de la population. Selon le quotidien brésilien « O Globo », la seule présence du pape est estimée à 40 millions d’euros, en raison du service de sécurité exceptionnel mis en place.
– D’après l’agence de presse Aciprensa, l’impact économique dont devrait bénéficier le Brésil grâce aux JMJ est estimé à 168 millions d’euros. Des retombées plus faibles que celles qui sont liées à l’organisation d’une Coupe du Monde, malgré une fréquentation relativement proche. Et cela pour deux raisons: la consommation d’un pèlerin est relativement différente de celle d’un supporter, et la durée de l’événement est bien plus courte.
– Les JMJ ont généré 390 tonnes de déchets, dont une partie sera recyclée.
De nombreux couacs
Aussi impressionnants soient-ils, ces chiffres ne doivent pas occulter les nombreux problèmes d’organisation qui se sont posé durant ces JMJ. Et les journalistes brésiliens de citer: l’erreur de parcours qui a fait buter à son arrivée à Rio la voiture du pape derrière une file interminable d’autobus à l’arrêt, la panne du métro de deux avant la messe d’ouverture des JMJ, le déménagement en urgence et dans l’improvisation la plus totale du lieu de la veillée et de la messe finale de Guaratiba à Copacabana, à cause de la pluie, etc. Tous ces couacs suscitent évidemment des interrogations quant à la capacité de Rio à accueillir le Mondial 2014 de football et les Jeux olympiques de 2016.
« Le constat, c’est que Rio n’a pas passé le test« , estime Chris Gaffney, un universitaire américain chargé d’étudier l’impact urbanistique des grands événements sportifs à Rio. « Si vous introduisez un à deux millions de personnes supplémentaires dans une ville aux infrastructures fragiles, des égouts aux transports en passant par le système de santé, il est évident que vous aurez des problèmes« , explique-t-il. Surtout que les supporters de football sont loin d’être aussi calmes et disciplinés que les pèlerins catholiques. A cela s’ajoute le malaise de la population envers les dépenses faramineuses occasionnées par tous ces grands événements, qui pourrait entraîner des troubles sociaux.
Pascal ANDRE (avec La Croix)