Cette année, 96,3 % des élèves ont réussi l’épreuve du Certificat d’Etudes de Base. Et, avec les recours, il est probable que quelques enfants qui l’ont raté de justesse reçoivent aussi le précieux sésame pour entrer en secondaire. L’Union Francophone des Associations de Parents de l’Enseignement Catholique (UFAPEC) s’interroge face à un tel taux de réussite, alors que, paradoxalement, l’échec en début d’humanité ne cesse d’augmenter. Y aurait-il un lien entre ces deux excès ?
Pour se réjouir d’un tel niveau de réussite, il faudrait que les résultats de chaque enfant dépassent largement la moyenne de 50 % exigée pour obtenir le certificat. Comment une maîtrise évaluée à la moitié de ce qui est attendu en langue française, en mathématiques et en éveil permettrait-elle de poursuivre sans encombre un parcours scolaire ? Or, on le sait, les échecs à la fin de la 1e année commune ne font que croître. Certes, il y a une cassure entre le cadre vécu en primaire et celui qui est proposé en secondaire. Mais ils s’expliquent aussi par le niveau de réussite au CEB.
S’il ne faut pas réformer l’entièreté du CEB, il est néanmoins urgent que les pratiques pédagogiques changent et que les mentalités évoluent, afin que chaque enfant puisse obtenir des moyennes suffisantes garantes de réussite en secondaire. Il importe que les équipes pédagogiques s’assurent qu’avec la maîtrise réelle des savoirs et compétences acquises en français, mathématiques et éveil, l’enfant pourra suivre les cours en 1e commune et comprendre ainsi ce que les professeurs attendent de lui. Car l’échec aux examens et interros s’explique souvent par une mauvaise compréhension des énoncés des questionnaires.
La réaction de l’UFAPEC rejoint le cri d’alarme lancé par trois enseignantes dans une carte blanche publiée par le journal « Le Soir » : « Nous devenons aussi menteurs, par obligation. Nous mentons aux parents, aux enfants et à nos collègues d’humanité. Quand nous leur disons qu’ils ont obtenu le CEB, nous leur signifions qu’ils sont aptes à entrer dans le secondaire et à poursuivre leur scolarité. Alors que nous savons que pour certains d’entre eux, c’est un leurre. Le niveau est loin d’être suffisant, leurs bases sont vacillantes. Très vite, la réalité du secondaire les rattrapera. Nous nous excusons par avance auprès de nos collègues du secondaire, un avenir bien difficile se profile à l’horizon… ».
L’école, un « ascenseur social »
Si l’on veut augmenter le niveau de connaissance des élèves, il faut, dès le début de l’enseignement primaire, instaurer des séances de « remédiation » et les collaborations nécessaires (avec les écoles de devoirs, les maisons de quartier, les parents…) pour faire de l’école une vraie école de la réussite. Il importe également de combler le fossé entre les enseignements primaire et secondaire. C’est seulement une telle politique qui permettra à chaque enfant de poursuivre un parcours sans encombre et à l’école de retrouver son rôle d’ascenseur social. C’est ainsi, aussi, que les enseignants pourront être, à nouveau, fiers de leur profession…
A T (avec l’UFAPEC et Le Soir)