Les défis du futur pape


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Les défis du futur pape
Par Jean-Jacques Durré
Publié le - Modifié le
3 min

Depuis mardi 12 mars, les 115 cardinaux électeurs sont enfermés dans la chapelle Sixtine pour élire le successeur de Benoît XVI. Un tâche ardue tant les défis qui l'attendent sont nombreux. Quelles devront être les qualités du futur pape ? Et quelles devront être ses priorités dès son accession au trône de Pierre ? Quelques pistes de réflexion.

"Celui qui entre pape au conclave en ressort cardinal." La signification de cet adage est claire: il est inutile de faire des pronostics quant au nom du futur pape, vu qu'il n'existe aucun critère établi pour cette élection si singulière, qui se déroule sans candidat, sans campagne électorale et sans programme. Il n'est toutefois pas interdit de dresser la liste des qualités que devra réunir le successeur de Benoît XVI, ni de présenter les défis qu'il aura à relever dès le début de son pontificat.

Le futur pape devra tout d'abord bénéficier d'une bonne condition physique – Benoît XVI en a fait une condition sine qua non lors de sa renonciation –, être polyglotte et combiner des vertus de manager, de communicant, de pasteur et de théologien. Un certain charisme, une forme de dynamisme, y compris dans la gestuelle, ne déplairaient pas non plus à de nombreux croyants, qui gardent une certaine nostalgie des premières années de pontificat de Jean-Paul II. En tant que pasteur d'une Eglise présente sur tous les continents, le prochain pape devra aussi avoir un regard qui dépasse les seules frontières de l'Europe, être ouvert aux différentes cultures et prêt aux voyages.

Réformer la Curie

Pour le journaliste français Antoine-Marie Izoard, directeur de l'agence catholique I-Media, "peu importe la couleur ou l'origine géographique du futur pape", ce qui compte, selon lui, c'est "la fermeté que celui-ci mettra à réformer la Curie". En effet, l'affaire VatiLeaks, déclenchée par la divulgation de documents confidentiels volés dans le bureau du pape, a dévoilé en 2012 des affaires de corruption, des rivalités, des réseaux d'influence, auxquels le successeur de Benoît XVI devra mettre un terme, sous peine d'effriter encore la crédibilité et l'image de l'Eglise. Car, à tort ou à raison, celle-ci est souvent réduite à sa tête.

Au-delà de possibles sanctions, éloignements ou mises à la retraite précipitées, les pistes de réforme de la curie sont connues. Elles supposent plus de coordination entre les différents dicastères (ministères), par le biais notamment d'un conseil des ministres régulier, une direction plus collégiale, davantage de transparence, ainsi qu'une plus grande internationalisation des personnes chargées de faire tourner la machine.

Des réalités très diverses

Mais Rome n'est pas l'Eglise, et le prochain pape aura bien d'autres défis à relever. Ceux-ci varient toutefois d'un continent à l'autre. En Occident, il devra avant tout essayer de rétablir le contact avec les croyants qui se sont éloignés de l'Eglise pour diverses raisons: perte de confiance après les affaires de pédophilie, désir croissant d'autonomie et individualisation des comportements, désaccord sur les sujets de morale familiale et sexuelle. En Afrique, au Moyen-Orient et en Asie, sa principale tâche sera de poursuivre le dialogue avec les autres religions, principalement avec l'islam. En Amérique latine, par contre, il s'agira plutôt de réfléchir à la meilleure façon de faire face à la progression des sectes, en particulier du néopentecôtisme.

Mais ce que la plupart des croyants attendent du futur pape, c'est qu'il annonce la foi chrétienne de manière vivante et donne de l'Eglise une image positive. Tout le reste, finalement, n'est que secondaire et peut venir après.

Pascal ANDRÉ


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