L’affaire n’est pas neuve, mais elle vient de resurgir avec la publication d’un calendrier 2013 qui représente un Christ sulpicien, cigarette et bière à la main. Celui-ci a été publié par un militant du Shiv Sena, l’une des branches les plus extrémistes de la mouvance hindouiste. L’affaire a été portée devant le tribunal de Pune.
Dénoncée par l’Eglise comme un « détournement blasphématoire d’une image sacrée et très chère aux chrétiens », cette image fait depuis quelques années des apparitions régulières en Asie, et tout particulièrement en Inde.
La première diffusion dans les médias de ce Sacré-Coeur sulpicien modifié remonterait à l’été 2007 lorsque le journal malaisien en langue tamoule « Makkal Osai », destiné à la minorité indienne du pays, avait voulu illustrer humoristiquement la phrase : « Si quelqu’un se repent de ses fautes, le paradis l’attend ». Le journal avait été suspendu de publication pendant un mois pour avoir « heurté les sentiments religieux des catholiques ». Un an plus tard, en juillet 2008, le même incident se reproduisait en Inde, dans l’Etat de l’Andhra Pradesh, au sein d’une publication appartenant à un homme politique protestant. Des manifestants chrétiens furieux avaient attaqué les bureaux du quotidien « Sakshi » (« Témoin » en telugu) et le calme n’était revenu qu’après que Y. S. Rajasekhara Reddy, le ministre-président de l’Etat, avait affirmé avoir « le plus grand respect pour Jésus Christ » et admis que la publication de l’image en question était une « bévue » de l’un des maquettistes qui avait téléchargé l’image sur internet. Peu auparavant, c’était le magazine du diocèse catholique de Neyyattinkara au Kerala, « Vachana Jyotis », qui avait publié la même illustration à la Une d’une édition.
Mais la publication du « smoking & drinking Jesus » qui a provoqué le plus grand scandale est sans aucun doute celle de 2010 où l’image incriminée avait été trouvée dans un manuel scolaire. Destiné à l’apprentissage de la lecture des élèves du Meghalaya, l’un des Etats comptant le plus de chrétiens en Inde (près de 70 % de la population), l’ouvrage présentait le Christ fumant et buvant, en illustration du mot « Idol » pour la lettre I. La police de cet Etat du Nord-Est de l’Inde avait saisi tous les exemplaires et une plainte avait été déposée contre l’éditeur de New Delhi, « Skyline Publications ». La Conférence des évêques catholiques de l’Inde (CBCI) avait alors demandé à « toutes les écoles catholiques indiennes de boycotter les ouvrages de cet éditeur, qui avait violé les bases de la Constitution indienne (…) et son esprit de tolérance religieuse, en tentant de porter atteinte à l’image de Jésus-Christ qui est au centre de la foi et de la vie chrétiennes ».
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