Témoignage : le courage d’un père syrien


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Témoignage : le courage d’un père syrien
Par Pierre Granier
Journaliste de CathoBel
Publié le - Modifié le
3 min

Voici le témoignage d'un père de famille syrien d'Alep recueilli par l'organisation des Focolari. Sous les bombes, soutenu par la foi, ce chrétien, s'active pour aider les plus démunis et pour l’avenir de son pays. Un formidable message pour Noël.

"Dans la situation où se trouve la Syrie – déchirée par un conflit nourri d’ignorance, de divisions, de sectarisme confessionnel, – en tant que père et mari j’ai dû décider si je restais dans ce Pays que j’aime ou si je devais émigrer pour le bien de ma famille.

Il y a quelques mois j’ai acheté les billets d’avion et commencé les démarches nécessaires pour le départ, mais, au fond de moi, je n’étais pas tranquille, même si j’avais une opportunité de travail à Beyrouth. Je sentais avoir une responsabilité vis-à-vis de mon peuple et mon pays.
À ce moment, la situation à Alep, ma ville, n’était pas aussi grave, mais nous sentions tous que le pire allait arriver. Et en fait, la situation s’est dégradée rapidement.

J’avais décidé au début que ma femme et mes filles partiraient pour Beyrouth tandis que je resterais à Alep. Ma femme n’était pas d’accord : "Ou nous partons tous ou nous restons tous, ensemble !" Ainsi, plutôt que de fuir le pays pour nous protéger du chaos et de la mort, nous avons choisi ensemble, comme famille, de rester.

Je ne suis pas une personne habituée à prier, mais j’ai senti en ce moment que Dieu me demandait quelque chose. Je suis allé à l’église et je Lui ai offert ma vie et la vie de ma famille: "Notre avenir est entre Tes mains." Une grande paix intérieure m’a envahi malgré la tension ambiante.

Avec des amis chrétiens nous avons cherché à comprendre les besoins de notre communauté en essayant de répondre à travers des aides, même toutes simples. Un jour, pendant que je travaillais à la restauration de l’église, je me suis trouvé à parler avec le curé des conditions de vie difficiles de nombreuses familles et des problèmes pour trouver du lait pour les enfants. Nous nous sommes tout de suite mis à la recherche de cette nourriture de base, mais il n’y en avait plus dans les magasins. A la fin nous avons réussi à avoir 4 boîtes seulement. Comment faire pour assurer le lait aux enfants de ces familles appartenant à la classe moyenne mais qui maintenant, n’avaient plus aucune ressource ? Sans programme en tête, nous avons commencé à noter les nécessités. Au début, sur la liste figuraient bien 300 familles ! Nous avons demandé des dons à de nombreuses personnes, en recevant seulement 300 L. S. (4 dollars). Impossible de faire quelque chose avec une somme aussi dérisoire, mais ce fut juste à ce moment qu’une personne, ayant appris la situation, est intervenue en couvrant tous les besoins immédiats par l’intermédiaire de la Caritas de la Syrie !

Un jour j’ai préparé un panier de produits alimentaires, comme si c’était pour ma famille. Puis je l’ai porté à une personne qui, surprise, ne le voulait pas. Mais quand je lui ai dit : "Ceci je l’ai préparé pour moi et ce qui est mien est tien", émue elle l’a accepté.

Entre temps, les familles dans le besoin avaient augmenté, passant de 300 à 1.500, et donc nous n’arrivions plus à assurer même les produits de première nécessité. Nous avons alors pensé à demander de l’aide à l’organisation humanitaire ‘’Mezzaluna Rossa’’ (Croissant Rouge). Lorsque les représentants de cette organisation ont demandé si nous offrions le soutien aux personnes de toutes les confessions, était présente une personne qui savait que nous nous occupions des musulmans et des chrétiens de la même façon. La responsable nous a alors donné accès à leurs magasins, leurs entrepôts. Grande a été la surprise pour la quantité des aides reçues !"

Jean – Alep

Catégorie : L'actu

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