Installé en République Démocratique du Congo, le père Bernard Ugeux témoigne de la situation critique dans laquelle se trouvent la population congolaise et sa communauté. Composée d’une dizaine de religieux, « moitié africains et moitié européens », ceux-ci sont résolus à rester sur place, coûte que coûte.
« Actuellement, nous ne savons pas comment la situation va évoluer. Des bruits courent que les mutins préparent une nouvelle attaque. (…)
Certains Congolais disent que c’est un épisode de plus dans les tentatives de dépeçage de la région. Etre un pays riche en ressources convoitées par tous est une malédiction pour la population majoritairement très pauvre. On note que nombre de jeunes non-scolarisés ou même diplômés sans avenir sont actuellement prêts à toutes les aventures. Certains ont rejoint les mutins. »
Poursuivre les projets, malgré tout
« Nous avons connu des joies qui montrent que vos efforts ne sont pas vains. Tout d’abord, au Foyer Ekabana une dizaine de filles ont pu être réintégrées dans leur famille (au sens large, pas forcément chez leurs parents immédiats). A la fin du mois de juillet, ce fut une célébration émouvante que le départ en famille de ces enfants qui avaient parcouru un chemin intérieur pour arriver à pardonner à ceux qui les avaient accusées de sorcellerie. J’ai eu l’occasion de les accompagner individuellement sur ce chemin du pardon où les blessures sont souvent encore vives. Que de gros sanglots durant les récits, mais aussi de bonheur au moment du départ (…)Toutes les petites filles de ce premier groupe avaient été abusées quand elles dormaient dans la rue. »
Lucide, le père Ugeux ambitionne l’autonomie du centre, qui accueille 257 jeunes filles en externat : « L’objectif est que, si je dois quitter un jour cette région, le centre poursuive ses activités. ».
nouvelle lettre de la Savane/at