Revenant sur la mort de dizaines de Tunisiens dont l’embarcation a chaviré aux abords de l’île de Lampedusa, le président du Conseil pontifical pour les migrants et les personnes en déplacement, le cardinal Antonio Maria Vegliò, a fustigé l’égoïsme de l’Occident.
Au même moment, dans son rapport « Marginalisation : expulsions forcées et ségrégation en Italie », publié le 12 septembre, Amnesty International dénonce l’incapacité des autorités italiennes à faire respecter les droits des Roms.
Il est révoltant, pour le cardinal Vegliò, qu’en ce troisième millénaire des personnes soient obligées de risquer leur vie pour trouver du travail, faire vivre leurs familles et avoir une vie meilleure. Le prélat en attribue la cause à l’égoïsme de l’Occident : « Nous vivons dans des tours d’ivoire et nous ne voulons pas être dérangés ». Les flux migratoires doivent être affrontés avec sagesse, mais aussi avec humanité : « Nous ne pouvons pas nous contenter de refouler les demandeurs d’asile en ignorant les motifs qui les poussent à frapper à notre porte ».
Par ailleurs, Amnesty International dénonce l’incapacité des autorités italiennes à faire respecter les droits des Roms. Selon Amnesty, les promesses faites par le gouvernement de Mario Monti de promouvoir l’égalité de traitement et améliorer leurs conditions de vie sont restées lettre morte.
Les plans de démantèlement de camps autorisés ou « tolérés » se poursuivent, sans véritable consultation et sans les garanties légales appropriées. Les conditions de vie dans la plupart des camps sont désastreuses et la ségrégation ethnique est toujours présente.
Sur 850 personnes expulsées de camps informels au cours des six premiers mois de l’année 2012, seules 209 d’entre elles se sont vu proposer des abris d’urgence. Ces abris n’ont été acceptés que par cinq mères et leurs neuf enfants, la majorité des personnes concernées ayant refusé d’être séparées de leur famille.
En conclusion, Amnesty International recommande à la Commission européenne d’entamer, contre l’Italie, une procédure pour atteinte aux droits humains, en particulier pour son non-respect du droit des Roms à un logement convenable, au mépris de la directive de l’UE sur l’égalité raciale.
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