Le gouvernement français a annoncé l’accès au mariage et à l’adoption aux personnes homosexuelles dès 2013. Les catholiques français cherchent la meilleure statégie pour faire opposition à ce qu'ils considèrent comme une remise en cause de la structure familiale. La cause est-elle perdue d'avance? "Non!", répond le cardinal Vingt-Trois.
Le 29 juin dernier, le Premier ministre français, Jean-Marc Ayrault, a confirmé la volonté du gouvernement d’ouvrir en 2013 l’accès au mariage et à l’adoption aux personnes homosexuelles. L'annonce a été faite la veille de la gay-pride à Paris, par la ministre déléguée à la famille, Dominique Bertinotti, qui a précisé que l’engagement 31 du programme de François Hollande figurait dans le calendrier du changement au premier semestre 2013. Le gouvernement a donc un an et demi pour rédiger son projet de loi, consulter pour avis le Conseil supérieur de l’adoption, puis le Conseil d’Etat, avant de présenter le texte au Parlement. "Il faut prendre le temps de l’écoute et de la discussion, sans s’enliser dans le débat", indiquait Mme Bertinotti dans le journal Le Parisien.
Dans ce débat, les catholiques espèrent bien pouvoir faire entrendre leur voix. Mais pas n'importe comment. Une vingtaine de responsables de mouvements se sont d'ailleurs rencontrés en juin pour réfléchir à une prise de parole coordonnée et efficace et surtout sans ambiguité par rapport à un discours haineux d'ores et déjà dispensé par d'autres organisations chrétiennes intégristes aux méthodes plus agressives.
Là se situe effectivement la principale difficulté dans le débat que beaucoup estime piégé: comment exprimer un avis négatif par rapport à l’accès au mariage et à l’adoption aux personnes homosexuelles sans passer pour un homophobe.
Parent 1 - Parent 2
De leur côté, les évêques de France mènent aussi leur réflexion sur la ligne à tenir, sans céder à la précipitation. Leur porte-parole, Mgr Podvin, a assuré que l'Église catholique userait de sa liberté comme elle l'a toujours fait dans ses relations avec les pouvoirs publics pour s'exprimer sur les problèmes sociétaux. Des éléments de cette réflexion ont cependant déjà été livrés par le cardinal André Vingt-Trois (photo), dans un entretien exclusif accordé au magazine La Vie (édition du 28 juin). L'archevêque de Paris et président de la Conférence des évêques de France appelle au courage politique les responsables qui, à gauche et à droite, sont contre le libéralisme individualiste en matière sociétale. "Mon souci n’est pas de défendre un pré carré confessionnel, mais de faire entendre les questions que nous posons pour l’avenir de toute notre société", explique ainsi le cardinal.
Fustigeant l'attitude de "consommation" des enfants comme un bien auquel chacun aurait droit, il se demande aussi "quelle est la faiblesse culturelle et collective qui s’exprime derrière le fait que les gens veulent toujours que leurs comportements soient légalement reconnus et donc légitimes."
Pour le président de la Conférence des évêques de France, la cause n’est pas encore perdue. "Quand les Français verront sur leur livret de famille 'parent 1' et 'parent 2', à la place de 'père' et 'mère', ils vont mieux comprendre le problème."
P.G.