C’est la mosquée Dambulla qui est à l’origine de ce regain de tensions religieuses. Une autorisation d’extension a été accordée à cette mosquée par le gouvernement sri-lankais. Les moines de Dambulla ont alors accusé les administrateurs du lieu de culte musulman, ainsi que ceux du temple hindou, d’avoir construit illégalement leurs sanctuaires sur un périmètre déclaré « zone sacrée » par l’Etat sri-lankais en 1982. Et le 20 avril dernier, plus de 2.000 manifestants, choisissant l’heure de la prière du vendredi, se sont lancés à l’assaut de cette mosquée, à coups de pierres et de cocktails Molotov.
L’attaque de la mosquée de Dambulla a soulevé une vague d’indignation dans tout le pays et, fait nouveau, déclenché un mouvement de mobilisation contre l’extrémisme religieux, par le biais d’Internet et des réseaux sociaux. Lancée peu après les faits par un groupe constitué de citoyens, d’associations religieuses diverses (dont des catholiques), de journalistes et de militants des droits de l’homme, la campagne intitulée « Pas en notre nom ! » dénonce un « comportement honteux, bien loin des enseignements du Bouddha » et incite les « citoyens sri-lankais de toutes religions » à exiger du gouvernement qu’il applique les « principes de justice, d’égalité et de respect des minorités selon la Constitution du pays« .
Une pétition contre l’intolérance religieuse a été mise en ligne sur http://notinournamesl.wordpress.com/ accompagnée d’un blog où s’accumulent signatures et commentaires. Plus encore que les violences exercées par des bouddhistes extrémistes à l’encontre des minorités religieuses – en augmentation croissante au Sri Lanka –, c’est l’attitude du gouvernement qui est dénoncée. L’Etat sri-lankais a d’abord donné raison aux agresseurs, intimant à la communauté musulmane l’ordre de trouver un nouveau terrain pour sa mosquée dans les trois mois. Ensuite, dans une volte-face remarquée, le gouvernement de Mahinda Rajapaksa a annoncé le 26 avril dernier que « ni le temple hindou, ni la mosquée ne seraient détruits » et que « le contentieux serait résolu dans le respect des intérêts de chacun« . Depuis cette déclaration officielle, trop imprécise pour avoir satisfait aucune des parties, Colombo se cantonne dans un silence prudent, surtout en cette période des festivités du Vesak qui s’achèvent le 8 mai.
apic/at