En janvier dernier, la proposition de réforme de la ministre Simonet pour combiner une partie du programme des cours de morale et de religion était reçue favorablement par les parlementaires wallons et bruxellois. Quelques mois plus tard, le projet de loi avance de manière significative, mais des voix se font entendre pour amener plus loin cette réforme et même remplacer purement et simplement ces cours par un cours philosophique.
Michel Desmet, inspecteur de religion catholique pour le diocèse de Tournai et directeur du Conseil consultatif des cours philosophiques (CCCP), se veut rassurant par rapport à la réforme proposée: « il ne s’agit pas d’un remplacement du modèle d’enseignement actuellement en vigueur mais bien d’une adaptation issue d’une volonté de travailler dans une même direction en tenant compte de la réalité des compétences aujourd’hui ». Rien de révolutionnaire donc en ce qui concerne la pratique du cours de religion catholique qui, explique l’inspecteur de religion, incluait déjà pour une bonne part les trois axes présentés par la ministre. Marie-Dominique Simonet propose en effet de créer, dès le fondamental, un tronc commun afin de « développer la pensée rationnelle, logique et argumentative » autour de trois grands axes : le questionnement philosophique, le dialogue interconvictionnel et l’éducation à une citoyenneté active.
Michel Desmet rappelle que « la proposition de la ministre coïncide avant tout avec une volonté du CCCP de montrer les points communs entre confessions et de se faire rencontrer les différents cours ». Les responsables de culte sont aujourd’hui invités à déposer un référentiel de compétences relatif au cours qui leur est consacré. « Pour les catholiques, ce référentiel fait déjà partie intégrante du programme officiel », précise Michel Desmet. C’est sur base de cette nomenclature de référence que sera définie la matière commune présentée aux parlementaires par Marie-Dominique Simonet.
Sous la pression des laïques
Sur le plan politique, Alain Maingain, conseiller pour l’enseignement secondaire au cabinet de la ministre Simonet, reconnaît un certain clivage entre une position laïque forte portée par certains partis estimant que le religieux appartient avant tout à la sphère privée et la position de la ministre qui considère « qu’un enfant qui entre dans une école doit être accueilli avec toute son identité, en ce compris sa culture, son origine et sa religion ». Le conseiller de la ministre précise encore que le projet vise en priorité la rencontre, l’ouverture et la lutte contre les différents intégrismes.
Au début de ce mois de mai, le Cedep (Centre d’étude et de défense de l’école publique) plaidait pour la création d’un cours commun de philosophie et d’histoire des religions, avec des enseignants formés à ces matières. Pour Alain Maingain, « il n’est pas question ici de remettre en cause le système actuel qui invite les parents à choisir le cours qui sera suivi par l’enfant ». Dès lors, l’enseignement des matières liées à ce tronc commun doit être assuré par le professeur du cours choisi, et par lui seul. « Il n’est d’ailleurs pas du tout envisagé qu’un professeur de religion cède sa place, ne fut-ce que quelques heures, à un enseignant d’un autre culte pour cette partie spécifique du cours ». De quoi rassurer l’évêque référent pour les cours de religion, Mgr Harpigny, qui se disait « attentif à ce que les cours de religion catholique continuent à être donnés par des personnes de religion catholique et qu’ils ne deviennent pas un cours d’histoire des religions ».
Quant à la formation des enseignants, elle ne devrait pas poser trop de soucis aux catholiques qui disposent d’une structure de formation continue assez performante. Les autres cultes, pour leur part, évaluent en ce moment la possibilité de collaborer avec des universités pour la « mise à niveau » dans ces nouvelles matières.
MVL – photo : http://www.marie-do.be/