Editorial de Jean-Jacques Durré paru dans « Dimanche Express » n°14 du 8 avril 2012 :
Avec le dimanche des Rameaux, nous sommes entrés de plain-pied dans les célébrations pascales qui mènent de la passion du Christ à la Résurrection. Avec cette évidence: oui, Jésus est vivant ! Par sa résurrection, il a vaincu la mort et a fait naître en nous une espérance sans pareille, même si nous ne pouvons pas en imaginer tous les aspects concrets.
Le temps pascal est un moment fort qui, au départ de la souffrance de Jésus, peut se vivre comme une joie profonde et nous inciter à entrer dans une réflexion sur le sens que nous donnons à nos vies et notre façon d’agir.
Acclamé lors de son entrée à Jérusalem, par une foule en liesse, le Christ se voit par la suite vilipendé, honni, raillé par cette même foule qui l’avait porté aux nues quelques jours plus tôt. Cela se termine par sa condamnation à mort et un supplice, qui fera dire à Jésus, profondément humain: « Père, pourquoi m’as-tu abandonné? » On peut s’interroger: les comportements ont-ils changé depuis cette passion qui a bouleversé à jamais le monde ? N’avons-nous pas, nous aussi, parfois tendance à brûler aujourd’hui ce que nous avons adoré hier? À haïr celle ou celui que nous avons aimé un jour? À critiquer lorsque les choses ne vont pas dans le sens que nous souhaitons? À rompre une longue amitié pour un motif finalement futile? On répondra que l’Homme est ainsi fait, mais comme chrétien, ne devrait-on pas agir autrement, motivé par cette espérance?
Ces dernières semaines, notre pays a vécu des événements tragiques, douloureux. Nos voisins français ont aussi connu des moments d’intense chagrin. Chacun a peut-être aussi vécu, dans sa famille ou son entourage, des événements difficiles qui conduisent au découragement voire au désespoir. Et qui nous font peut-être aussi dire: « Père, pourquoi m’as-tu abandonné? » Dieu souffre avec nous et ne nous abandonne pas. Nous sommes appelés à dépasser ce stade de doute en nous rappelant que la Pâque du Christ nous invite à Lui confier toutes nos souffrances, désespoirs et questionnements dans la prière auprès de la croix. Car, le Christ en croix qui orne nos églises n’est pas un objet de souffrance et de torture: c’est un signe que la mort et la douleur sont vaincues par la joie de la résurrection et par l’espérance qu’elle induit.
Comme cela a été dit durant le carême, le matin de Pâques, nous sommes appelés à re-naître. Et à faire de cette espérance que nous donne la Résurrection, une force sur laquelle s’appuyer.