En Tunisie, la puissante chaîne de télévision panarabe « Al- Jazira » commence à susciter des critiques pour son « penchant islamiste ». La TV de l’émirat Qatar deviendrait « un porte-drapeau de l’islamisme », certains lui reprochant son discours religieux.
Depuis la chute de l’ex-président Zine el-Abidine Ben Ali, nombre de Tunisiens ne regardent plus que cette station de télévision, tournant le dos aux télévisions locales, écrit le journaliste Taoufik Ben Brik, qui fut emprisonné sous la dictature de Ben Ali. Il déplore que les réseaux sociaux d’Internet – Facebook, Twitter, YouTube – qui avaient grandement contribué, l’année dernière, à la mobilisation des populations pour renverser le régime de Ben Ali, soient de moins en moins utilisés.
« Les activités des animateurs de ces réseaux sociaux ont chuté dangereusement. Les blogueurs ont déserté le net », souligne Ammar Tanazefti, un internaute, qui précise : « Le temps est maintenant à Al-Jazira ». Lors des émissions interactives, la TV qatarie est accusée de privilégier les intervenants islamistes au téléphone. « Les appels des démocrates, particulièrement les laïcs, sont carrément rejetés », déplore Slah Hnid, un téléspectateur, tout en accusant « Al-Jazira » de nier les courants d’opposition non islamistes.
De nombreux Tunisiens reprochent à la chaîne qatarie de ne pas aborder certains sujets, comme la polygamie, l’adoption ou l’héritage. Elle n’évoque pas certains pays, dits « intouchables », comme le Qatar où elle est née, et qui lui a permis d’acquérir un poids politique.
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