A l'occasion du cinquième anniversaire de la mort de l'abbé Pierre, un centre mémorial de 450m2 a été inauguré à Esteville, près de Rouen, le 20 janvier 2012.
"Si je meurs demain matin, tout est organisé pour continuer sans aucun souci, je n'ai aucune inquiétude", assurait l'abbé Pierre au moment où il commençait à parler pudiquement de "partir pour les grandes vacances". L'initiateur du mouvement Emmaüs a pris soin, avant sa mort, de s'assurer que ses combats se poursuivraient à travers la fondation qui porte son nom. L'organisation conserve, dans ses statuts mêmes, deux composantes essentielles aux yeux du religieux : l'aide aux personnes victimes du mal-logement et l'interpellation des pouvoirs publics sur les conditions de vie indigne.
Parrain de la fondation depuis 2006 aux côtés, entre autres, de l'acteur Jean Reno et du réalisateur Matthieu Kassovitz, l'ancien footballeur Eric Cantona vient d'écrire aux maires de France pour obtenir symboliquement 500 signatures et leur demander de s'engager derrière l'appel de la fondation pour que le logement devienne un thème majeur de l'élection présidentielle.
Dans le même ordre d'idée, le 1er février prochain, la fondation invite les candidats à la présidentielle à signer un "contrat social", sur le modèle du "pacte écologique" de Nicolas Hulot en 2007, avec des objectifs précis en matière de construction et de maîtrise du coût du logement. Néanmoins, "les batailles sont plus difficiles sans l'abbé Pierre", admet Christophe Robert, délégué général adjoint de la fondation.
Ces cinq dernières années, la Fondation Abbé-Pierre a continué sa croissance dans le sillage de son mentor. Son volume financier a crû de plus de 40%, pour atteindre 27 millions d'euros de collecte de dons l'an dernier. Le nombre de ses salariés a augmenté, passant à 120 salariés, soit deux fois plus qu'au début des années 2000. Avec ses nouveaux moyens, l'organisation de solidarité rayonne dans davantage de départements, avec notamment un réseau d'agences régionales dans le Nord-Pas-de-Calais, en Rhône-Alpes, Bretagne et Languedoc-Roussillon. La Fondation Abbé-Pierre développe aussi des programmes propres, comme "SOS taudis", "2.000 toits pour 2 000 familles", ou encore "Allô prévention expulsions".
la croix/at
