Depuis quelques semaines maintenant, vous pouvez écouter sur RCF Liège (93.8 FM) une nouvelle émission intitulée « GastroThéo » à laquelle participent le frère Raphaël Devillers de la communauté des dominicains de Liège ainsi que Madame Geneviève Bleus, passionnée de cuisine.
D’aucuns pourraient se demander comment il est possible d’allier gastronomie et théologie. La réponse devient évidente à la lecture de nombreux textes bibliques, comme le fait remarquer à chaque émission le frère Raphaël. Prenons par exemple ce passage où Isaïe chante : « Ce jour-là, le Seigneur, Dieu de l'univers, préparera pour tous les peuples, sur sa montagne, un festin de viandes grasses et de vins capiteux, un festin de viandes succulentes et de vins décantés » ou encore cette phrase de l’évangile lorsque le roi proclame : « mon repas est prêt, mes bœufs et mes bêtes grasses sont égorgés; tout est prêt ».
Nourriture spirituelle et autre…
A de nombreuses reprises la Bible nous parle de l’importance des repas. Bien souvent, il ne s’agit pas d’un repas de tous les jours mais bien d’un banquet, d’un repas de noces nous permettant de nous réjouir et d’exulter car notre Dieu nous a sauvés. Dans un de ses écrits, Dom Armand Veilleux, père abbé de Chimay précise qu’il y en a cinq éléments nécessaires à la réalisation d’un festin. Premier élément : l’invitation. Cela ne se fait pas de venir à un banquet, à un dîner de noces sans y avoir été invité. Il s’agit d’un repas festif auquel une personne a la liberté d’inviter qui elle souhaite voir s’asseoir à sa table. Et tous les invités partagent cette même liberté dans la réponse qu’ils choisiront de donner. Et comme le dit l’adage « un carton répond à un carton ». Nous sommes priés de nous situer. Allons-nous donner de notre temps ou allons-nous trouver une excuse ? Dieu nous invite chacune et chacun à son festin. Ce serait vraiment dommage de rater une telle aubaine.
Deuxième élément, un banquet exige évidemment qu’il n’y ait pas qu’une seule personne. Par définition, le repas de noces célèbre une relation qui s’est instaurée entre au moins deux êtres. Nombreux sont les invités et l’expérience de la vie nous montre à quel point il n’est pas aisé de toujours mettre tout ce petit monde en présence. Il y a sur terre des personnes avec lesquelles nous pouvons nous sentir moins en sympathie. Quoiqu’il en soit, ce qui est merveilleux dans tout banquet divin, c’est que nous sommes toutes et tous invités. Il n’y a pas eu de restriction. Dieu nous donne ainsi une occasion merveilleuse de nous retrouver mais aussi de nouer de nouvelles relations voire parfois de pouvoir aplanir des situations qui peuvent encombrer notre route vers ce salut promis.
Pourquoi on mange
Troisième élément : un banquet ne peut se vivre sans raison. Nous sommes réunis car nous souhaitons célébrer quelque chose ensemble : un événement ou une personne. Par définition, le banquet est l’occasion de pouvoir faire mémoire. Cela ne se vit pas tous les jours. Il y a un sentiment de vouloir partager, de commémorer un temps spécial, tout tourné cette fois vers le Tout Autre. Le festin de noces auquel nous sommes chaque jour conviés nous permet de venir ensemble célébrer ce qui a fait le lot de notre quotidien depuis notre dernière rencontre. Lors de chacune de nos eucharisties, nous venons avec le tout de nos vies et nous les célébrons en nous portant les uns les autres tout en nous souvenant de cet événement majeur qu’a été la Résurrection du Fils de Dieu. Si nous vivons pleinement ce moment, nous ne pouvons pas en sortir indemne. Nous repartons transformés par ce que nous avons pu vivre et recevoir dans ce festin de l’Amour par excellence.
Quatrième élément : il ne peut y avoir de festin sans un repas tout spécial. Les mets se succèdent et ne se ressemblent pas. Un temps certain a été pris pour les préparer. Ils sont un plaisir pour le palais mais aussi pour les yeux. Pour nous, aujourd’hui encore, le repas de l’amour se contemple dans le mystère de ce qui se vit à la table eucharistique. Ce repas nous transcende. Nous sommes dans l’ordre de l’indicible et il n’y a pas de mots pour exprimer la teneur et l’ampleur de ce que nous découvrons dans la fête du corps et du sang offerts pour notre propre salut. Cette nourriture spirituelle ne nous rassasie pas, mais elle nous ouvre les portes d’une faim sans fin de Dieu.
Alors, pour vivre un tel banquet, il nous reste le cinquième et dernier élément : nous revêtir d’un habit de fête. Le costume que nous portons est fait de lumière. Il est celui que nous avons reçu à notre baptême. Au festin de l’amour, nous sommes toutes et tous revêtus du Christ. C’est cet habit teinté de résurrection qui nous permet de prendre une part active au festin eucharistique.
Une invitation, une communauté, une raison, un repas d’amour et un habit de lumière, voilà les cinq éléments qui nous permettent chaque fois que nous le souhaitons de vivre ensemble le repas de noces, le banquet de l’Agneau où nous célébrons la promesse de notre salut. Voilà le banquet par excellence. Depuis les premiers chapitres de la Genèse, la Bible est truffée de ces moments intenses où une personne ou un événement est célébré. Au cours de nos émissions, le frère Raphaël nous fait entrer autrement dans la lecture de la Bible et nous montre à quel point Dieu se révèle à nous dans ces temps de proximité festive. C’est là, au cœur d’un repas, que la bonté de l’être humain peut être célébrée, que la réconciliation peut se réaliser.
Bonnes recettes
Voilà ce qu’il en est pour la théologie de notre émission. Mais à chaque fois, nous cherchons à agrémenter la réflexion biblique par quelques recettes proposée par Geneviève Bleus. Ces recettes font le lien entre les Ecritures et ce que nous pouvons à notre tour retrouver dans notre assiette. En conclusion, nous vous en proposons deux (une entrée et un plat) pour que vous puissiez vous régaler chez vous.
Premièrement, la salade aux figues et aux chèvres chauds dont les ingrédients (4 personnes) sont : 4 poignées de salade, ,4 figues fraîches, 4 fromages de chèvre type crottin, 4 tranches de pain, 1 noix de beurre, miel et une vinaigrette (3 cuillères à soupe d'huile d'olive ou de noix, 2 cuillères à soupe de vinaigre balsamique ou de framboise, sel et poivre). Tout d’abord, laver et sécher la salade et préparer la vinaigrette. Ensuite, couper 2 figues en 4, réserver. Puis, couper 2 figues en tranches et les faire caraméliser dans la noix de beurre avec une cuillère à café de miel. Pendant ce temps, préchauffer le four à 210°C (thermostat 7), déposer un fromage sur chaque tranche de pain, les mettre sur la plaque du four et enfourner pendant 5 minutes en surveillant la coloration. Mettre la vinaigrette sur la salade. Par assiette, mettre 1 poignée de salade, 2 quartiers de figue fraîche, 1 fromage fondu sur sa tranche de pain et quelques tranches de figues caramélisées. Et servir directement. Bon appétit !
Nous poursuivons alors avec le plat : le ragoût de veau aux pommes de terre, citron et olives dont les ingrédients (4 personnes) sont : 800 gr de pommes de terre (ratte), 600 gr de carré de veau en morceau, 12 olives vertes, 2 citrons non-traités, 1 poivron rouge, 1 botte de coriandre, ail (selon le goût), sel et poivre. Commencer par peler et laver les pommes de terre. Ensuite, laver, épépiner et couper le poivron en lanière. Laver et sécher la coriandre. Laver et couper un citron en morceaux et presser l'autre citron pour en extraire le jus. Puis, chauffer l'huile dans une cocotte, y faire revenir pendant 3 minutes les pommes de terres, les morceaux de veau et les lanières de poivron. Saler et poivrer, ajouter les jus de citron, les gousses d'ail non pelées et les olives. Poser la moitié de la botte de coriandre par dessus. Ajouter 1 cm d'eau dans le fond, couvrir et laisser mijoter pendant 45 minutes à feu doux. Au moment de servir, ajouter le reste de la botte de coriandre (hachée), rectifier l'assaisonnement et déguster. Bonne écoute de RCF Liège et également bon appétit ! Que vous puissiez à votre tour vivre ce festin à la maison.
« GastroThéo », une nouvelle émission culinaire sur RCF Liège (93.8 Fm) présentée par Philippe Cochinaux, o.p.
PC