A l’instar de plusieurs organisations de jeunesse coptes, l’Eglise copte catholique d’Egypte a apporté, le 23 novembre, son soutien aux manifestants rassemblés Place Tahrir, au Caire. Selon le ministère égyptien de la Santé, le bilan de la répression se monte actuellement à une trentaine de morts, dans tout le pays.
Mgr Antonios Aziz Mina, évêque copte catholique de Guizeh, une ville proche du Caire, a condamné la répression sanglante. Le prélat estime que chrétiens et musulmans sont unis sur la Place Tahrir pour la défense des droits de l’homme. Aussi, « les autorités n’ont pas le droit de tirer sur des gens pacifiques et l’utilisation de la violence contre eux n’est pas acceptable. Les autorités doivent s’expliquer sur leurs actions ». « Les gens sont fatigués de l’armée, mais aussi des Frères musulmans. La confrérie s’immisce dans la vie politique et a seulement pour but d’imposer son idéologie religieuse », a-t-il encore déclaré.
Des milliers de personnes ont envahi les rues, craignant que le régime militaire, qui a pris le contrôle du pays après la chute du président Hosni Moubarak en février, ne s’accroche au pouvoir après le processus électoral qui débutera le 28 novembre prochain. Les jeunes « étaient remplis d’espoir au début de la révolution, mais plus maintenant ».
Ceux qui sont descendus dans la rue représentent le groupe originaire de la protestation du 25 janvier, qui a ensuite contraint le président Moubarak à démissionner. « Les Frères musulmans se sont dissociés de la protestation. Malheureusement, il ne semble pas exister de tiers, neutre, capable de tenter une médiation entre les manifestants et le pouvoir militaire », analyse Fides.
Mgr Aziz, s’exprimant depuis l’Egypte, a déclaré que l’armée n’avait pas appris la leçon : « Plus ils tirent sur les gens, plus ces derniers vont réagir ! ». L’évêque copte catholique de Guizeh a ensuite défendu les manifestants : « Les droits du peuple doivent être défendus. En manifestant, les gens ne font pas de politique, ils demandent justice ! ».
Les relations entre l’Eglise catholique et le régime ont empiré le mois dernier après qu’un membre du haut clergé ait accusé le gouvernement d’être impliqué dans les attaques contre les chrétiens, lors de la manifestation au Caire du 9 octobre. Celle-ci a fait officiellement 36 morts et des centaines de blessés.
L’évêque de Guizeh relève que le régime a défié les manifestants qui demandaient d’être libérés des restrictions concernant leur pratique religieuse. Mgr Aziz affirme que de nombreux musulmans se sont joints aux chrétiens : « Les chrétiens et les musulmans sont ensemble sur la place Tahrir aujourd’hui. Ils poursuivent le même but d’avoir un avenir meilleur ».
Dans son allocution télévisée mardi, le maréchal Hussein Tantaoui, chef du Conseil suprême des forces armées (CSFA), a assuré que les élections législatives se tiendraient comme prévu à partir du 28 novembre. Pour la présidentielle, il a évoqué l’échéance de la mi-2012. Le 21 novembre, le CSFA avait reconnu pour la première fois que le pays était en « crise ».
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