Pour cette 25e visite pastorale, le pape s’est rendu en Calabre, la région la plus pauvre de la péninsule italienne, qui est dévastée par les activités de l’organisation mafieuse de la Ndrangheta.
En célébrant les vêpres à la chartreuse de Serra San Bruno, le pape a affirmé que le progrès technique a rendu la vie de l’homme plus confortable, notamment dans le domaine des transports et dans celui des communications, « mais aussi plus agitée et parfois convulsive ».
Le pape a souligné qu’au cours des dernières décennies, le développement des médias a répandu et amplifié un phénomène que l’on pouvait déjà entrevoir dans les années soixante: « la virtualité qui risque de l’emporter sur la réalité ».
Les plus jeunes, qui sont déjà nés dans cette situation, semblent vouloir remplir de musique et d’images chaque moment vide, un peu comme s’ils avaient peur de ressentir, justement, ce vide, a ajouté Benoît XVI. Conscient que cette tendance a toujours existé, particulièrement chez les jeunes et dans les univers urbains les plus développés, le pape a toutefois estimé qu’elle avait atteint aujourd’hui « un niveau tel que l’on en vient à parler de mutation anthropologique ».
Benoît XVI a également observé que l’atmosphère que l’on respire dans nos sociétés n’est pas salubre, « elle est polluée par une mentalité qui n’est pas chrétienne, pas même humaine, parce qu’elle est dominée par les intérêts économiques, préoccupée uniquement des choses terrestres et dépourvue d’une dimension spirituelle ». Dans cette atmosphère, on marginalise non seulement Dieu mais aussi le prochain et l’on ne s’engage pas en faveur du bien commun. Le monastère, au contraire, est le modèle d’une société centrée sur Dieu et sur la relation fraternelle. « Nous en avons grand besoin de nos jours aussi ».
Prenant la parole dans cette terre en proie à une grande criminalité, le pape a appelé les Calabrais à ne jamais céder à la tentation du pessimisme et du repli sur soi, mais à s’efforcer de « progresser dans la capacité de collaborer, de prendre soin l’un de l’autre et du bien public ». Si la nouvelle réalité sociale et religieuse, différente du passé, est peut-être plus lourde en difficultés, Benoît XVI l’a aussi estimée plus riche en potentialités.
Le souverain pontife a incité les prêtres à se « détacher avec décision d’une certaine mentalité consumériste (…) qui est une tentation récurrente dans la réalité où nous vivons ». Quant aux laïcs, a-t-il ajouté, ils ne doivent pas avoir peur de vivre et de témoigner de leur foi dans les différents secteurs de la société, dans les nombreuses situations de l’existence humaine.
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