Jean-Paul II est le premier pape de l’histoire contemporaine a être béatifié par son successeur immédiat, et en un temps record : six ans et un mois après son décès. Au cours de la célébration, Benoît XVI a rappelé qu’il avait voulu, « tout en respectant la réglementation en vigueur de l’Eglise, que sa cause de béatification puisse avancer avec une certaine célérité ». Un mois seulement après la mort du pape polonais, Benoît XVI avait suspendu le délai obligatoire de cinq ans avant l’ouverture de la cause de béatification et de canonisation de son prédécesseur.
Ce 1er mai 2011, après une véritable « Nuit blanche de prière », un million de pèlerins était présent aux alentours de la basilique Saint-Pierre. Sur place, la préfecture de police de Rome a, en effet, estimé leur nombre à un million, tandis que 2.300 journalistes, originaires de 101 pays, couvraient la cérémonie et que des délégations officielles de plus de 87 pays participaient à l’événement. Familles royales, chefs d’Etat et de gouvernement, diplomates, mais aussi évêques et prêtres – 800 ont donné la communion – et fidèles étaient au rendez-vous.
Le diocèse de Rome est « le protagoniste » de la cause de béatification, ce qui explique la présence de son choeur et de son orchestre, sous la direction de Mgr Marco Frisina, ainsi que la présence du cardinal Agostino Vallini, vicaire de Benoît XVI pour Rome, qui a rappelé la biographie de Jean-Paul II et a demandé au pape de le béatifier, au début de la célébration. Il était accompagné du postulateur, Mgr Slawomir Oder, prêtre polonais du diocèse de Rome. Et c’est à l’évêque de Rome qu’il revenait de présider la béatification de son prédécesseur.
La messe de béatification a eu lieu sur le parvis de la basilique Saint-Pierre orné d’un jardin à l’italienne (lavande, fleurs blanches et or, oliviers, buissons taillés et cyprès), un hommage de la région italienne des Pouilles à Jean-Paul II.
Après la formule de béatification d’abord prononcée en latin, par Benoît XVI, une photo géante du pape a été dévoilée, révélant un pape joyeux. Comme a rappelé le cardinal Vallini, la confiance de Jean-Paul II n’a pas été ébranlée par les deuils de l’enfance et de l’adolescence, « l’expérience tragique de deux dictatures », l’attentat de 1981, la progression de la maladie… Deux religieuses ont apporté près de l’autel une relique du bienheureux. Il s’agit de sœur Marie Simon-Pierre, qui avait rendu un témoignage lors de la veillée, et soeur Tobiana Sobodka, qui fut au service de Jean Paul II dans son appartement privé.
Benoît XVI a souligné l’axe essentiel du pontificat de son prédécesseur : « Son message a été celui-ci : l’homme est le chemin de l’Eglise, et le Christ est le chemin de l’homme », faisant renaître « l’espérance » en montrant combien Dieu « a une influence sur l’histoire ».
La foule a applaudi l’évocation de la grande humilité de Jean-Paul II et sa vocation sacerdotale : « Sa profonde humilité, enracinée dans son union intime au Christ, lui a permis de continuer à guider l’Église et à donner au monde un message encore plus éloquent précisément au moment où les forces physiques venaient à lui manquer. Il a réalisé ainsi, de manière extraordinaire, la vocation de tout prêtre et évêque : ne plus faire qu’un avec ce Jésus, qu’il reçoit et offre chaque jour dans l’Eucharistie ».
Benoît XVI a estimé que son prédécesseur a « ouvert la société, la culture, les systèmes politiques et économiques au Christ, en inversant avec une force de géant – force qui lui venait de Dieu – une tendance qui pouvait sembler irréversible ». Ce que le pape polonais « nouvellement élu demandait à tous », il l’a « fait lui-même le premier », a assuré Benoît XVI, en référence aux propos prononcés par Jean-Paul II, le 22 octobre 1978, lors de la messe inaugurale de son pontificat : « N’ayez pas peur ! Ouvrez, ouvrez toutes grandes les portes au Christ ! A sa puissance salvatrice ouvrez les frontières des Etats, les systèmes économiques et politiques, les immenses domaines de la culture, de la civilisation, du développement ».
Benoît XVI a assuré que la « profonde humilité, enracinée dans son union intime au Christ », a permis à Jean Paul II de « continuer à guider l’Eglise et à donner au monde un message encore plus éloquent, précisément au moment où les forces physiques lui venaient à manquer ».
Improvisant quelques mots au terme de son homélie en italien, le pape a poursuivi, sous les applaudissements nourris de la foule : « Tu nous as bénis tant de fois, sur cette place, depuis le Palais apostolique, aujourd’hui nous t’en prions, Saint Père, bénis-nous ».
Une seconde nuit d’insomnie spirituelle débutait alors pour bon nombre de pèlerins, puisque les portes de la basilique sont restées ouvertes pour que chacun puisse vénérer le nouveau bienheureux, dont le cercueil a été placé dans la basilique, devant l’autel de la Confession.
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