La commission d’enquête des Pays-Bas sur les « abus sexuels au sein de l’Église catholique romaine », plus connue sous le nom de « commission Deetman », du nom de son président, a capté l’attention des parlementaires ce lundi 14 mars.
« Ce qui s’est passé en Belgique n’est pas unique ». C’est en ces termes que Willem Joost Deetman, président de la commission d’enquête néerlandaise sur les « abus sexuels au sein de l’Église catholique romaine », a débuté son exposé. Pourtant, bien des différences séparent la commission des Pays-Bas de l’ex-commission belge « Adriaenssens ». Dès le départ, l’ancien bourgmestre de La Haye a tenu à souligner le caractère indépendant de « sa » commission: « Le président de la Conférence épiscopale a insisté sur le fait de mettre sur pied une enquête indépendante, et fin février 2010, il m’a demandé de la présider. Tous les évêques, ainsi que toutes les congrégations religieuses, devaient l’approuver. L’accord fut unanime. »
Wim Deetman a insisté également sur la composition de la commission qui s’est voulue très scientifique. Experts auprès des tribunaux, psychologues, experts de l’Eglise catholique néerlandaise, juristes, philosophes; ce sont des scientifiques de haut niveau qui composent la commission « abus » aux Pays-Bas. « L’enquête est historique, ajoute Wim Deetman, puisque la commission remonte aux faits d’abus sexuels depuis 1945 et plus de 2.000 signalements ont été enregistrés à ce jour. » Estimation difficile, mais réalisée sur base de méthodes scientifiques: analyse des cas signalés, questionnaires aux victimes et étude des archives. Même les archives « secrètes » de l’évêché ont pu être consultées.
La transmission des cas à la justice ont fait l’objet de plusieurs questions de la part des parlementaires. « Nous sommes des médiateurs, explique le président. Nous communiquons tout à la justice. La victime est obligée de porter plainte à la police; si elle ne le fait pas, la commission est obligée de le faire. C’est le cas pour tout Hollandais. »
Quant aux questions portant sur les indemnisations, Mr. Deetman est formel sur ce point: ce n’est pas la commission « abus » qui doit s’en occuper, mais bien une commission distincte qui dédommage selon une règle générique par gradation; cette procédure est mise au point avec les victimes. Ce règlement générique a pour but d’indemniser plus rapidement, car le cas par cas prendrait trop de temps.
Sans aucun doute, l’ensemble des propos de Willem Joost Deetman ont fait réfléchir les membres de la commission belge qui se souviendront certainement de ce témoignage lors de leur rapport final.
Sylviane BIGARÉ