Ce lundi 4 mai, la carte blanche de La Libre est signée par quatre Belges de confession musulmane. Ils prônent un islam de Belgique et se justifient en dix propositions.
Ismaël Saïdi (comédien, auteur de Djihad), Tewfiq Sahih (enseignant, fondateur du think tank "Pensée d’islam en Belgique"), Zehra Günaydin (doctoresse, membre du précédent EMB) et Michael privot (islamologue et directeur de l'ENAR European Network Against Racism aisbl) sont les quatre auteurs de la carte blanche publiée ce matin dans La Libre. Musulmans tous les quatre, ils n'hésitent pas à affirmer l'état de "ruine" dans lequel se trouvent "les structures communautaires musulmanes" en Belgique. L'Exécutif des Musulmans de Belgique, poursuivent les auteurs, est "un organe sans véritables moyens d’action et dont il conviendra de repenser en profondeur l’organisation et la fonction". Les auteurs pointent le manque d'intérêts communs entre les mosquées du pays et leur manque de collaboration. "Rien n’existe qui favorise l’émergence d’un islam qui se déclinerait dans la grammaire culturelle, sociale, économique et politique de notre pays." Dès lors, pour "réussir le pari d'un islam de Belgique", les auteurs ont dressé une liste de dix propositions.
- Etablir un "plan urbanistique-mosquée" où les lieux de culte actuels seraient cartographiés pour favoriser l'émergence de nouvelles mosquées là où la fréquentation des fidèles arrive à saturation
- Obliger toutes les mosquées à être reconnues par l'Etat endéans les cinq prochaines années. Telles les fabriques d'église chez les catholiques, des "communautés islamiques locales" au statut juridique indépendant devront être identifiées
- Un plan d'investissement sera négocié avec la Province et permettra le financement public de la mise aux normes des lieux de culte. Les mosquées deviendront ainsi des lieux publics, ouverts à tous, même aux non-musulmans qui désireraient assister au culte ou visiter les lieux
- Les prêches du vendredi devront être délivrés dans la langue de la région où la mosquée est implantée. Ils seront simultanément diffusés sur le site internet des mosquées pour permettre aux fidèles qui ne peuvent se déplacer d'entendre le message de la prière
- Les imams devront obligatoirement être formés. Pour les imams venus d'ailleurs, une équivalence de diplôme ainsi qu'un test linguistique et une formation rendant compte des réalités politico-sociales de la Belgique devront être organisés
- Mise sur pied d'un projet de "mosquée pilote" où les femmes seront aussi nombreuses que les hommes tant dans l'auditoire qu'au sein du conseil d'administration. Y sera prêché un islam européen: " pacifique, inclusif, égalitaire et œcuménique"
- L'Exécutif des Musulmans de Belgique devra adopter une charte interne respectueuse de l'ensemble des communautés
- Le ministère des Cultes gèrerait un fonds dédié à la production et la vulgarisation des traités en sciences islamiques afin de multiplier l'offre sur le marché belge
- Des programmes d'échange internationaux entre mosquées devraient être organisés pour promouvoir le développement de pensées islamiques contemporaines.
- Dans le cadre du cours de citoyenneté proposés aux élèves dispensés de suivre le cours de religion ou de morale, il s'agit de favoriser la mise en place d'un cours d'histoire des religions qui prône l'inclusion plutôt que l'exclusion.
Conscients que leur prise de position puisse déranger certains, les quatre signataires ont voulu toutefois prendre leurs "responsabilités." "Plus personne ne pourra dire que nous n’agissons pas face aux dérives extrémistes. Nous prenons l’initiative pour ne pas que nous soit imposée une réforme pour laquelle nous n’aurions eu voix au chapitre", écrivent-ils dans La Libre.
S.T. (d'après La Libre)
