Peu après Noël, une nouvelle est tombée : le parquet fédéral a décidé de poursuivre la branche belge de l’Église de scientologie et deux de ses hauts cadres devant la justice en tant qu’"organisation criminelle". Ils sont accusés d’escroquerie, de pratique illégale de la médecine, d’infractions diverses à la loi sur la protection de la vie privée et d’extorsion. Une décision qui éclaircit une situation qui jusqu’ici floue.
En effet, cela fait plusieurs années déjà que, dans notre pays, l’Église de scientologie est soupçonnée d’être une "organisation criminelle", coupable notamment d’escroquerie et d’exercice illégal de la médecine. Déjà en 1997, une enquête avait été ouverte, mais elle se trouve toujours à la chambre du conseil de Bruxelles.
Une nouvelle étape semble toutefois avoir été franchie puisque le parquet fédéral vient d’envoyer des citations à comparaître aux responsables belges de la secte, après plus de six ans d’enquête. La nouvelle enquête tourne surtout autour des pratiques internes à l’organisation, dont le siège a déménagé de Bruxelles à Malines il y a trois ans. Son point de départ est une plainte déposée en 2008 par l’Office régional bruxellois pour l’emploi qui soupçonne l’Église de scientologie de faux en écriture et d’escroquerie dans des contrats de travail de bénévoles et de salariés. À l’époque, la RTBF avait diffusé un reportage sur des offres d’emploi anonymes, émanant en fait de la secte. Selon le témoignage d’une personne ayant répondu à l’une d’entre elles, un contrat lui avait alors été présenté, dans lequel elle était priée d’"adhérer " aux vues des scientologues. L’Église de scientologie avait alors dénoncé la "mauvaise foi" de la justice. Une de ses dirigeantes, Myriam Zonnekeyn, avait affirmé qu’il ne s’agissait que d’une recherche de "bénévoles ".
Le précédent français
Fondée en 1954 par l’écrivain américain de science-fiction Ron Hubbard, la scientologie est considérée comme une religion aux États-Unis et dans quelques pays européens. Mais d’autres pays, comme la France et la Belgique la rangent très clairement dans la catégorie des sectes nuisibles. Un procès retentissant a d’ailleurs eu lieu Outre-Quiévrain en octobre 2009. Le tribunal correctionnel de Paris avait alors condamné les deux principales structures françaises du mouvement sectaire pour "escroquerie en bande organisée". L’Association spirituelle de l’Église de scientologie – Celebrity Center (ASES-CC) et sa librairie, la société anonyme SEL, ont dû payer une amende de 600.000 euros, tout en étant bizarrement autorisées à poursuivre leurs activités. Quatre responsables français de la scientologie avaient également écopé de peines de prison avec sursis, allant de dix mois à deux ans, assorties d’amendes allant de 5.000 à 30.000 euros.
Le tribunal avait expliqué sa décision en soulignant qu’une "très forte amende " était "plus opportune " qu’une fermeture pure et simple des deux organismes. "L’interdiction d’exercer risquerait d’engendrer une poursuite de l’activité hors du cadre légal ", avait précisé à l’époque la présidente de la 12e chambre du tribunal de Paris, Sophie-Hélène Château.
Pascal André
