Ce jeudi 13 novembre est sortie une nouvelle biographie du Pape : Léon XIV, portrait d'un pape péruvien. À travers un récit nourri de témoignages inédits, l’ouvrage retrace la trajectoire spirituelle et humaine de Robert Prevost, de Chicago aux terres péruviennes où s’est forgé son ministère, jusqu’à son élection sur le siège de Pierre.
Le soir de son élection, Léon XIV avait surpris le monde entier en ouvrant son premier salut par quelques mots en espagnol, un clin d’œil appuyé à son histoire personnelle. "Et si vous me permettez un mot, un salut à tous et de manière spéciale à mon cher diocèse de Chiclayo, au Pérou…", lançait-il depuis le balcon de la basilique Saint-Pierre, rendant hommage à ce peuple "fidèle" qui avait accompagné son ministère épiscopal.
C’est dans ce lien profond, tissé entre Chicago (ville natale), le Pérou et Rome, que s’inscrit la biographie Léon XIV, portrait d’un pape péruvien, publiée ce jour.
Signé par la théologienne Véronique Lecaros, directrice du département de théologie à l'université catholique de Lima, et César Piscoya, proche collaborateur du padre Roberto Prevost à Chiclayo, l’ouvrage retrace le parcours de celui qui deviendra Léon XIV : un pasteur formé par la spiritualité augustinienne, engagé auprès des plus humbles, attentif aux blessures du monde moderne et aux élans du catholicisme populaire. Des villages oubliés du Pérou aux défis du Vatican, le récit met en lumière une aventure humaine et spirituelle qui parle de justice sociale, de dialogue interculturel et de renouveau ecclésial.
"Entre tradition et modernité, Léon XIV devient le symbole d’une foi vivante, capable de transformer les coeurs et de bâtir des ponts là où s’érigent des murs" écrit l'éditeur Fayard.
Quelques extraits marquants tirés du livre :
Sur son arrivée au Pérou :
"En 1985, fray Roberto arrive à Chulucanas, une des régions les plus pauvres et isolées du pays, dans le cadre d’un programme d’évangélisation assumé par sa province d’origine, Notre-Dame-du-Bon-Conseil de Chicago. Un total de vingt frères augustins originaires des États-Unis travaillent alors dans la région. Installés sur place depuis une vingtaine d’années, ils ont élaboré un plan d’évangélisation qu’ils ont réajusté maintes fois. Fray Roberto découvre, apprend et réfléchit…"
"Après avoir vécu dans la grande métropole multiculturelle de Chicago et la Ville éternelle, Rome, fray Roberto débarque dans un village isolé du nord du Pérou, proche de la frontière équatorienne, où les ânes sont plus nombreux et plus utiles que les voitures."
Sur la pratique religieuse au Pérou :
"[Robert Francis Prevost] a pu se rendre compte qu’au Pérou, la foi, loin d’être une question spirituelle source de bien-être ou bien un supplément d’âme pour les personnes désemparées par la modernité, voir une transcendance appelée à guider le politique, joue un rôle essentiel dans la survie. Le divin s’immisce dans toutes les facettes du quotidien, et aucun succès ni aucun échec ne peut se comprendre sans cette présence. Aujourd’hui, étant donné la croissance démographique et religieuse en Amérique latine et en Afrique, le style de pratiques de la majorité des catholiques s’apparente probablement plus à celle de Chulucanas qu’à celle de la communauté paroissiale [de Chicago] où a grandi Léon XIV."
Sur les homélies de "fray Roberto" :
"Rosa, une laïque consacrée, c’est-à-dire ayant fait vœu de chasteté, vivant dans sa famille, était salariée comme administratrice dans une entreprise et travailla pendant plusieurs décennies à l’évêché en tant que volontaire. Elle se souvient des homélies de fray Roberto : « Il nous disait toujours, “les dévotions ne suffisent pas. Il faut aller vers les personnes, leur donner du courage, voir ce dont elles ont besoin”. Lui-même, il était toujours disponible pour aller voir les malades, leur apporter le sacrement des malades. » Rosa se rappelle aussi que fray Roberto, quand il la trouvait abattue, lui remontait le moral. Il répondait à ses plaintes : « Courage, debout, ce n’est pas ton projet, c’est celui de Dieu. »"
Témoignage de John Lydon, qui a vécu aux côtés de Robert Prevost, à Trujillo, pendant presque dix ans :
"En juillet 1990, le nouveau gouvernement d’Alberto Fujimori a pris le pouvoir et lancé un plan de choc économique, qui a fait grimper immédiatement les prix de tous les biens et entraîné de grandes souffrances et une grande pauvreté."
"Beaucoup de personnes pauvres ont perdu une grande part de leur pouvoir d’achat, et la faim est devenue une préoccupation croissante. Face à cela, le père Bob (surnom de Robert Prevost ndlr), avec la communauté augustine, a lancé un plan de soupes populaires dans les zones périphériques relevant de notre responsabilité pastorale, afin d’aider les gens, spécialement les enfants, à obtenir un repas décent par jour. Ces soupes populaires fonctionnent encore aujourd’hui dans quelques-unes de ces zones périphériques."
Témoignage d’Emilce Cuda, théologienne argentine, secrétaire de la Commission pontificale pour l’Amérique latine depuis 2022 :
"Le rêve de François était de construire des ponts de dialogue. L’un de ces ponts était entre les Amériques. Toi, Léon XIV, tu es l’incarnation de ce pont. Né en Amérique du Nord, tu as choisi l’Amérique latine. Tu as voulu être l’un des nôtres. Dans tes premières paroles, le jour de ton élection, tu nous dis que la paix soit avec nous ; tu nous invites à construire des ponts de dialogue et à rechercher la justice, fidèles à Jésus-Christ. Cher Léon, sache que le rêve de François s’est réalisé aujourd’hui : deux cultures et trois Amériques réunies en une seule personne."

Ces extraits proviennent du livre...
... Léon XIV, portrait d'un pape péruvien, par Véronique Lecaros et César Piscoya, Editions Fayard, 316 p.
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C.L.
