Commentaire de l’évangile de ce dimanche 15 juin, par Eric Vollen : Trois en un, une expérience de vie


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Commentaire de l’évangile de ce dimanche 15 juin, par Eric Vollen : Trois en un, une expérience de vie
Dans la brume de ce monde, la douce lumière du Christ annonce la Nouvelle Alliance de Dieu avec l’humanité. © Pexels
Par Christophe Herinckx
Journaliste de CathoBel
Publié le
3 min

Etrange fête que celle de la Trinité!  Qui donc a inventé la fête?  Elle n’est vraiment pas comme les autres qui célèbrent des événements. Pourquoi tout à coup cette photo de famille?  Le mot Trinité lui-même n’est pas dans l’Ecriture.  Au fond, il désigne ce que Dieu est en lui-même, sa face cachée, celle que nous ne connaissons pas puisqu’elle ne nous a pas été révélée. Nous ne connaîtrons de lui que la face tournée vers nous.

Il était évidemment logique qu’ayant appris que Dieu est Père, Fils et Esprit, on s’interrogeât sur ce que cela voulait dire. C’est tout ce travail de l’intelligence que le mot Trinité désigne. Mais fallait-il en faire une fête liturgique? Dès lors qu’on affirme que l’existence en Dieu de trois personnes distinctes, le problème de leurs relations s’avèrent inéluctable. Ce n’est que chez saint Jean sans doute que nous est révélé quelque chose des personnes divines.  Par exemple: "Le Père et moi nous sommes un".  Ou tous ces passages sur l’Esprit que nous lisons dans ce temps de la Pentecôte comme: "L’Esprit de vérité qui procède du Père, vous guidera vers la vérité tout entière".  Après tout, c’est peut-être nous qui devons nous remettre en question avant d’incriminer la doctrine et la fête.

Ce dont la réflexion sur la Trinité s’efforce de rendre compte, c’est que Dieu n’est pas seul, qu’ils sont plusieurs en Dieu, que ces trois sont un d’une unité et d’un amour qui nous échappent et surtout, qu’ils nous invitent à entrer dans leur vie. C’est ce qui explique que si la Trinité nous est rationnellement incompréhensible, elle nous est affectivement très proche. Nous ne croyons pas en Dieu malgré la Trinité mais à cause d’elle. Et c’est l’ouvrage de toute une vie que de vivre nous-mêmes de plus en plus consciemment de manière trinitaire, c’est-à-dire de nous tenir debout devant le Père, avec le Fils qui fait de nous ses frères, dans la force de l’Esprit d’amour et de sainteté. De prier aussi de manière trinitaire: le Père, par le Fils, dans l’Esprit.

Le mystère de la Trinité est donc vie et expérience dans les limites de notre être et la relativité de notre amour. Image et réalité imparfaites, mais appelées à participer à l’ultime perfection. L’inconnu et la merveille de Dieu ne sont pas tant à définir qu’à découvrir et à vivre dans l’expérience quotidienne, celle de l’échange et de la communion, du respect mutuel et de la transcendance, du dialogue et de la communauté, de l’unité réalisée dans les différences, dans tout amour qui s’ouvre au lieu de s’enfermer, qui crée et multiplie plutôt que de jalousement conserver.

Expérience de Dieu encore dans le quotidien, quand la confiance, la bienveillance et le respect mutuel extirpent les chardons de l’égoïsme et ouvrent à la communion. Instant de vie trinitaire quand est possible le pardon, offert ou reçu, et quand chacun est pour l’autre inlassablement et gracieusement une "bonne providence".  Nous n’avons pas fini de partir à la découverte de Dieu.

Catégorie : Sens et foi

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