Comme chaque année au mois de mai, Reporters Sans Frontières (RSF) publie son classement mondial de la liberté de la presse. L’édition 2025, qui s’appuie sur cinq critères d’évaluation, établit une hiérarchie entre 180 pays selon les conditions d’exercice du journalisme. Cette année, la Belgique se classe en 18e position, elle était 16e en 2024.
Un rapport alarmant
Il suffit de lire l’introduction du rapport de Reporters Sans Frontières (RSF) pour comprendre que la situation mondiale est critique pour les journalistes. Les exactions sont ce qu’il y a de plus visible. « La Chine reste la principale prison du monde pour les journalistes », nous rappelle Manu Van Lier, journaliste.
C’est pourtant sur le facteur économique que RSF fait un focus particulier. « Pour la première fois, la situation de la liberté de la presse devient “difficile” à l’échelle du monde », est-il écrit d’emblée. Moins d’argent alloué aux médias, des encarts publicitaires qui partent de plus en plus vers les réseaux sociaux et la mainmise de quelques-uns sur de nombreux médias : voilà quelques-unes des raisons qui peuvent expliquer cette situation alarmante.
La presse belge bien protégée, mais pas à l’abri
En Belgique, la liberté de la presse est inscrite dans la Constitution. Cela offre une certaine protection aux journalistes. Cependant, de plus en plus régulièrement, le public adopte un comportement hostile envers les journalistes. « On a vu des collègues, notamment des cameramen, qui se font secouer, des journalistes qui se font insulter », explique Manu Van Lier.
Aux agressions physiques possibles, on peut ajouter les menaces en ligne et le cyberharcèlement dont les journalistes peuvent être la cible. Elles « ciblent surtout les femmes », précise le rapport.
Un financement de plus en plus compliqué
En Belgique aussi, la pression économique se fait ressentir. Chez nous, cela passe par le prix de la distribution des journaux, qui a augmenté depuis l’année dernière, ou encore la diminution de la dotation de la RTBF. Mais garder une presse libre et indépendante a un coût. Un coût qui n’est pas toujours compris par les consommateurs.
Pour Patrick Balemba, chargé d’analyse chez Justice et Paix, il faut cependant se poser la question de l’accès à l’information : « Les consommateurs sont de plus en plus paupérisés. Ont-ils encore un accès facile à l’information ? »
Manu Van Lier, quant à lui, souhaiterait que le point de vue des consommateurs change : « On s’est peut-être habitué pendant un moment à une information gratuite. Mais si vous regardez la très grosse majorité des grands titres de presse en Belgique, on a une proportion des deux tiers de l'information qui est payante. Et ça, c'est devenu vraiment indispensable pour la viabilité d'un média », argumente-t-il.