Habituellement dévoilés en novembre, les chiffres relatifs à la pratique religieuse en Belgique - pour l’exercice 2024 - ont été rendus publics ce mardi par la Conférence des évêques. Sans grande surprise, la baisse du nombre de sacrements s’est poursuivie l’an dernier par rapport à 2023. Toutefois, l'on note une encourageante augmentation du nombre de personnes fréquentant l'église le dimanche.
La Conférence des évêques de Belgique a dévoilé plusieurs données chiffrées relatives à la fréquentation des sacrements et à la pratique religieuse en 2024. Ces chiffres proviennent d'un recensement réalisé au sein de chaque paroisse. Ils offrent aux catholiques du pays – ainsi qu’aux autres observateurs – un état des lieux clair et transparent de la situation de l’Église en Belgique, sans toutefois prétendre en donner une image exhaustive.
D'habitude, c'est au mois de novembre que l'Eglise belge dévoile son rapport annuel, comprenant les chiffres clés portant sur l'année écoulée. Dans le communiqué publié ce mardi, la Conférence épiscopale indique avoir obtenu les chiffres "plus tôt que prévu", et avoir dès lors opté pour une publication printanière, en phase avec "la saison chargée des premières communions et confirmations".
Une baisse de tous les sacrements certes… mais moins brutale
Explorons ensemble les chiffres de l'année écoulée, sacrement par sacrement.
Baptêmes
En 2024, 29.769 baptêmes ont été célébrés dans les paroisses de Belgique. C'est 5.057 de moins que l'année précédente (34.826 baptêmes en 2023).
Si la tendance reste à la baisse, celle-ci semble toutefois ralentir : les baptêmes ont baissé de 14,5% entre 2023 et 2024, alors que la diminution était de 19,6% entre 2022 et 2023.
À noter que les baptêmes d’adultes, eux, sont en constante progression : de 260 catéchumènes en 2023, leur nombre est passé à 362 en 2024. Et la dynamique se confirme, puisque 536 adultes et adolescents ont été baptisés en 2025, soit une hausse de 48 % par rapport à 2024.
Premières communions
Nous sommes en plein dans la saison. L'année dernière, 30.523 enfants ont communié pour la première fois. En 2023, ils étaient au nombre de 33.853. Soit une baisse de près de 10% entre les deux années analysées.

Confirmations
En 2024 toujours, les paroisses belges ont célébré 27.458 confirmations. Ce nombre englobe 171 confirmations d'adultes déjà baptisés.
En 2023, les confirmations en Belgique étaient au nombre de 29.580. La baisse entre les deux années est de 7,1 %.

Mariages religieux
L'année dernière, 4.896 couples ont choisi de se dire "oui" devant l’autel. Ils étaient 5.241 à s’unir religieusement en 2023.
Cette érosion de 345 mariages religieux correspond, en pourcentage, à une diminution de 6,5% entre 2023 et 2024.
Là encore, le recul s’est nettement atténué par rapport à l’année précédente : entre 2022 et 2023, l’Église avait enregistré pas moins de 1 706 mariages religieux en moins, soit une chute de 24 % !
Une baisse drastique, qu’il convenait toutefois de nuancer : l’année 2022 avait été statistiquement exceptionnelle, portée par la reprise des célébrations après la période COVID.
Funérailles religieuses
En 2024, les paroisses de Belgique ont célébré 35.515 funérailles. Cela correspond à 31,7% des décès intervenus sur le territoire.
L'année précédente, 37.207 funérailles avaient été célébrées dans nos églises, soit 32,6% des décès totaux en 2023.

Cette baisse serait le reflet d'un choix "de plus en plus conscient"
Qu'en tirer comme enseignement ? Pour les évêques de Belgique, ces chiffres illustrent que "la demande et la réception des sacrements constituent de plus en plus un choix conscient".
Ils s'appuient ainsi sur l'analyse de Bart Willemen, secrétaire de la Commission Interdiocésaine pour le Catéchèse néerlandophone (ICC), qui pointe, en Belgique, une "transition progressive d'un christianisme culturel vers un christianisme de conviction". "Les candidats prennent de plus en plus conscience de la nécessité de recevoir les sacrements d’initiation (baptême, eucharistie, confirmation) par choix personnel, plutôt que par habitude ou tradition familiale", poursuit celui qui est également professeur de religion dans l’enseignement secondaire.
"Depuis quelque temps, nous assistons à une transition progressive d’un christianisme culturel vers un christianisme de conviction".
D'après lui, de nombreux membres de l'Eglise verraient ce phénomène comme une "évolution positive" : "Une demande de sacrement offre souvent l’occasion d’un véritable dialogue pastoral, permettant d’approfondir le sens du sacrement et de réfléchir plus clairement à la place de la foi dans la vie du candidat et de sa famille." Ce qui se concrétiserait par le fait qu'aujourd'hui, on observe une augmentation des demandes de sacrements d’initiation chez les jeunes de plus de 14 ans.
"L’enjeu principal ne réside pas dans le nombre de sacrements célébrés, mais dans l’annonce authentique de l’Évangile et l’accueil de ceux qui désirent cheminer dans la foi", conclut Bart Willemen, cité par les évêques dans leur communiqué.

Une éclaircie toutefois : la (probable) hausse de la pratique dominicale !
Autre signal relevé par les évêques : la participation à la messe dominicale connaît une légère progression.

Le troisième dimanche d’octobre 2024 – date retenue chaque année pour mesurer la fréquentation « ordinaire » de l’Eucharistie – 173.335 fidèles étaient présents, contre 167.360 l’année précédente. Cette hausse de 3,6 % reste modeste et devra être vérifiée au fil des prochaines années. Mais elle pourrait témoigner d'un regain d’intérêt, notamment dans les milieux urbains où certaines communautés paroissiales dynamiques attirent particulièrement.
Par ailleurs, les célébrations de Noël ont réuni 408.375 participants, un chiffre quasi stable par rapport à 2023 (411.423). Si les évêques appellent à la prudence quant à l’interprétation de ces données – qui ne reflètent pas nécessairement l’ensemble des pratiquants réguliers –, elles laissent entrevoir une vitalité pastorale là où l’Église parvient à proposer des lieux de foi vivants et accueillants.
Clément LALOYAUX (avec SIPI)