Tarifs douaniers de Trump : stratégie assumée ou improvisation risquée ?


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Tarifs douaniers de Trump : stratégie assumée ou improvisation risquée ?
Par Armelle Delmelle
Publié le
3 min

Depuis plusieurs semaines, les milieux économiques observent avec inquiétude les décisions du président américain Donald Trump. Après avoir annoncé des tarifs douaniers sur les importations de 185 pays (à l’exception notable de la Chine), leur application a finalement été suspendue. Une pause qui ne dissipe pas les doutes. S’agit-il d’une stratégie mûrement réfléchie ou d’une improvisation aux lourdes conséquences ? Et surtout, qui en supportera le coût ?

Un bras de fer mondial

Initialement, ces tarifs devaient varier entre 10 % et 50 % — le Lesotho étant particulièrement visé. L’Union européenne, quant à elle, devait faire face à une taxe de 20 %. Finalement, Donald Trump a opté pour une suspension de 90 jours, maintenant un taux unique de 10 %.

Mais cette décision n’a pas empêché le déclenchement d’un bras de fer commercial avec la Chine. Aujourd’hui, les deux premières puissances économiques mondiales s’imposent mutuellement des droits de douane toujours plus élevés.

“Montrer les muscles”

Donald Trump a qualifié le jour de l’entrée en vigueur des tarifs de “jour de la libération”. Pourtant, quelques jours plus tard, face à la nervosité des marchés financiers et aux premières répercussions économiques, il décide de suspendre la mesure.

S’agit-il d’un revirement ou d’une stratégie calculée ? Christian Laporte, journaliste, rappelle que Trump “n’est pas le dernier de la classe en économie. Avant d’être un homme politique, il a toujours été un homme d’affaires.

Un avis partagé par Axelle Fischer, secrétaire générale d’Entraide et Fraternité - Action Vivre Ensemble : “Il applique ici ce qu’il a appris comme roi de l’immobilier à l’époque. Sa stratégie se résume en très peu de mots : montrer les muscles.

Une attitude musclée qui semble chercher à attirer les chefs d’État autour de la table des négociations. Et dans certains cas, cela fonctionne. La Première ministre italienne Giorgia Meloni s’est ainsi rendue à Washington. Mais d’autres résistent.

La Chine reste ferme

C’est notamment le cas du président chinois Xi Jinping. Depuis l’application effective des tarifs, les États-Unis et la Chine se répondent coup pour coup.

À ce jour, les taxes américaines sur les importations chinoises atteignent 145 %, à l’exception des smartphones et ordinateurs. En retour, la Chine a porté ses propres droits de douane à 125 %.

L’escalade inquiète les observateurs, d’autant que le président chinois n’a pas mâché ses mots, qualifiant la stratégie de Trump de “blague”. Une réaction qui reflète un climat tendu, partagé jusque dans les rangs démocrates du Congrès américain.

Qui paiera la note ?

Ce bras de fer n’est pas sans conséquences pour les citoyens. Peu après l’annonce de la suspension, le représentant démocrate Steven Horsford a interpellé le responsable du commerce extérieur, Jamieson Greer : “Ce n’est pas un jeu, c’est la vraie vie.

Une réalité que souligne également Axelle Fischer : “Trump est censé servir ces personnes qui, tout d’un coup, se sont ruées vers l’achat d’éléments nécessaires à la vie quotidienne, comme des frigos, venant de Chine, pour éviter l’augmentation des prix.

Les inquiétudes grandissent. “Il y a un mécontentement qui commence à se visualiser, avec l’organisation de manifestations, qui mettent en exergue l’accaparement du pouvoir par Donald Trump,” conclut-elle.

Catégorie : L'actu

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