Maëlle Montoisy, 22 ans, est étudiante dans le domaine littéraire. Ce samedi soir, durant la veillée pascale, elle va être baptisée au sein dans sa paroisse Saint-Géry, à Braine-le-Comte. Elle tient à témoigner de la joie qui l'habite.
Je n’ai pas grandi dans une famille pratiquante. Mon papa n’est pas baptisé et ma maman, bien qu’elle ait reçu les sacrements comme le baptême, la communion et la confirmation, l’a fait surtout pour répondre aux attentes de mon grand-père. Avec le temps, elle s’est malheureusement éloignée de la foi chrétienne. Malgré cela, je garde l’espoir qu’un jour, elle retrouvera cette lumière qui remplit nos coeurs de chrétiens.
Le rôle du grand-père
Pour moi, l’enfance a été marquée par cette absence de lien direct avec la foi. À l’école primaire catholique que je fréquentais, les instituteurs nous demandaient souvent qui était baptisé. Ces moments m’ont laissée un souvenir particulier. Je me sentais différente et je ne comprenais pas pourquoi je ne l’étais pas, moi aussi. À l’époque, je ne souhaitais qu’une chose : être comme les autres.
Mais chez mes grands-parents, l’atmosphère était différente. Mon grand-père, qui occupait une place immense dans ma vie, vivait pleinement sa foi. Il allait à la messe chaque samedi et leur maison regorgeait de symboles chrétiens : des croix, de l’eau bénite de Lourdes, des prières encadrées. J’étais baignée, sans m’en rendre vraiment compte, dans cet environnement plein de foi. Mon grand-père était mon confident. Il m’expliquait, avec des mots simples, que même si je n’étais pas baptisée, Dieu était avec moi. Ces mots sont restés gravés dans mon coeur. Il avait aussi des petites phrases pleines de sagesse qui m’ont marquée : « Aide-toi, et le Ciel t’aidera. » Des mots simples, mais chargés de foi, qui résonnent encore en moi aujourd’hui.
Un immense vide
En 2021, lorsque mon grand-père s’est éteint, j’ai ressenti un vide immense. Il avait été mon guide, mon pilier. Et avec son départ, j’ai traversé une période très sombre. Je me suis éloignée de tout, je me suis perdue dans des habitudes et des pensées qui me faisaient souffrir. Mais, même dans mes moments les plus sombres, je crois que Dieu me tenait la main.
Un jour, sans comprendre pourquoi, j’ai ressenti un appel. C’était un dimanche matin, et une envie irrépressible m’a poussée à me rendre à la messe. J’étais nerveuse. Je me posais mille questions : « Serais-je à ma place ? Est-ce que je fais bien d’entrer dans une église ? » Malgré mes doutes, j’ai poussé la porte. Et c’est à ce moment-là que ma vie a pris un tournant. Dans cette église, j’ai rencontré Georgette, qui est aujourd’hui ma marraine. Elle m’a accueillie avec tellement de bienveillance. Elle m’a parlé du baptême, comme si c’était une évidence. Et petit à petit, j’ai entrepris ce cheminement. Avec du recul, je reconnais que même dans mes erreurs, même lorsque j’étais égarée, Dieu m’a sauvée. Il m’a montré l’amour inconditionnel dont Il est capable. Comment ne pas répondre à un tel amour ? Le baptême, pour moi, est devenu une évidence. C’est ma manière de dire à Dieu : « Oui, je reconnais ton oeuvre dans ma vie. Oui, je suis prête à Te consacrer ma vie. » Et c’est avec joie, sérénité et confiance que je m’apprête à vivre ce moment unique. (…)
Christine et Bernard
Je craignais que ce cheminement vers le baptême soit strict, presque fermé, avec une approche uniquement théorique de la foi chrétienne. J’avais peur de ne pas trouver ma place, d’être réduite au silence ou de ne pas pouvoir exprimer mes propres ressentis. Mais très vite, ces craintes se sont dissipées. Ce que sur j’ai vécu était tout le contraire : une expérience de liberté, où la parole de Dieu résonne et prend vie dans nos vies. Le chemin a commencé par des rencontres régulières. Ces temps étaient organisés autour de la lecture de la Bible, suivis de moments de réflexion et d’échanges. Ces discussions n’étaient jamais figées, bien au contraire : elles étaient vivantes, ouvertes, et pleines de sens.
J’ai eu la chance d’être accompagnée par Christine et Bernard, des personnes profondément bienveillantes et animées par une vraie envie de me connaître et de m’accompagner. Ils ont su rendre chaque échange chaleureux et enrichissant, transformant la parole de Dieu en un véritable souffle vivant. Au fil des semaines, les rencontres se sont élargies. Des chrétiens de tout âge et aux parcours uniques ont rejoint nos échanges. C’était pour moi une découverte précieuse : le concept de communauté chrétienne prenait tout son sens. Chacun apportait une perspective, une expérience, des réflexions nouvelles, parfois très éloignées de ce que j’avais imaginé, mais toujours pertinentes et édifiantes. Ces moments de partage m’ont profondément marquée.
"Le besoin de me rendre à la messe
Rapidement, j’ai ressenti le besoin de me rendre à la messe chaque dimanche. C’est devenu une étape essentielle de ma semaine. À chaque fois, j’y trouve une paix intérieure incomparable. Les angoisses, les peurs ou les tristesses vécues durant les jours précédents semblent s’estomper dans cet espace sacré. Je n’y prends pas encore le corps du Christ, mais la parole de Dieu me nourrit intensément. Quand je quitte l’Église, je me sens apaisée et prête à affronter la semaine à venir. Grâce à ces moments, j’ai tissé des liens avec les habitués de l’Église. Je suis pour eux la “petite jeune”, un vent de fraîcheur qui crée un choc de génération bien accueilli. Ce concept de communauté prend ici une dimension encore plus forte. Nous sommes tous unis dans une même foi, et cet esprit d’unité est propre à notre belle religion.
Petit à petit, j’ai aussi trouvé ma place dans des actions au sein de l’Église. J’ai aidé l’équipe de catéchèse des enfants, un rôle qui me comble de bonheur. Voir les enfants s’épanouir dans la foi et leurs yeux briller est une expérience unique. Ces moments renforcent ma conviction que la foi est un chemin vivant, qui se construit en partageant. Enfin, j’ai vécu plusieurs étapes solennelles et riches en émotions, à commencer par l’entrée en catéchuménat. Ce moment symbolique, où l’on m’a marqué de la croix, où la communauté chrétienne a prié pour moi, et où j’ai exprimé ma volonté de recevoir le baptême, restera gravé en moi. Il représentait une réponse à l’appel de Dieu et un premier pas formel vers la vie chrétienne.
La rencontre avec Mgr Harpigny
J’ai aussi eu la chance de rencontrer Monseigneur Harpigny, l’évêque de Tournai. Lors de cette rencontre, le témoignage des autres personnes demandant le baptême m’a profondément émue. Leurs histoires, différentes et pourtant toutes liées par la foi, m’ont rappelé la grandeur de Dieu et son amour infini pour chacun de nous. L’appel décisif à la Collégiale Sainte-Waudru à Mons restera gravé dans mon coeur. Plus d’une centaine de catéchumènes étaient présents, et ce grand nombre témoignait de la puissance de Dieu à toucher tant de vies. J’ai été émue de retrouver des visages déjà rencontrés lors de ma rencontre avec Monseigneur Harpigny, et un lien naturel semblait s’être formé entre nous, comme une fraternité spontanée. Ce jour-là, chacun de nous a été présenté individuellement, une attention précieuse qui nous rappelait que nous n’étions pas de simples anonymes mais des histoires uniques à l’appel de Dieu. Le public, composé d’accompagnateurs et de fidèles, vibrait d’un soutien palpable, et sentir leur fierté et leurs encouragements, même pour ceux qu’ils ne connaissaient pas, m’a profondément touchée. Ce moment était un magnifique mélange de solennité, de communion et d’amour partagé. Les trois scrutins ont été des moments profondément intenses et chargés de symboles. (…)
A quelques jours du baptême, je ressens une multitude d’émotions. Un mélange de confiance et d’impatience m’envahit : confiance en la force de l’Amour et de la Foi qui m’ont guidée jusqu’ici, et impatience de tourner la page sur une vie ancienne qui ne résonne plus avec celle que je m’apprête à embrasser. Ce baptême est bien plus qu’un moment important: c’est une renaissance, une transformation profonde. Je me sens prête à commencer une nouvelle vie, une vie portée par l’Amour, la Foi, la Confiance et l’Espérance. Je suis remplie d’une joie immense à l’idée de cette étape, mais je suis tout aussi consciente que ce n’est que le début d’un long cheminement, un cheminement qui durera toute ma vie avec Dieu.
"La prière occupera une place centrale dans ma nouvelle vie"
Je souhaite que l’après-baptême soit une vie imprégnée de valeurs chrétiennes. J’espère apprendre à mieux connaître Dieu, à le comprendre et à laisser sa parole résonner en moi. Je veux être une lumière autour de moi, partager la parole de Dieu et propager cet Amour qui m’anime. Je sais que l’Église sera un pilier central dans ma vie : je sens que je vais m’y impliquer pleinement, que ce soit à travers des missions, des rencontres, ou simplement en nourrissant des liens profonds avec ma communauté.
Mon coeur est porté par une envie intense de faire le bien, de tendre la main à ceux qui en ont besoin, d’aider, de soutenir, et de témoigner. Je rêve de pouvoir accompagner les futurs catéchumènes, partager avec eux mon expérience et les encourager dans leur propre cheminement. L’idée de témoigner, d’être un guide pour les autres, est pour moi une manière de rendre hommage à l’Amour de Dieu qui m’a sauvée et transformée. Je souhaite vivre une vie remplie de bienveillance, de confiance, de partage, et d’aumône, une vie qui reflète les valeurs de notre foi. La prière occupera sur une place centrale dans cette nouvelle vie. Prier pour Dieu, prier avec Dieu, prier pour les autres. Ce lien constant avec Lui me nourrit et m’anime. À quelques jours de mon baptême, je suis portée par la certitude que Dieu m’accompagnera et me guidera dans cette vie nouvelle. Je me sens heureuse, en paix, et prête à croquer cette vie à pleines dents. Je veux couler des jours empreints de bonheur et de spiritualité, et surtout, ne plus jamais retomber dans le mal. Je suis déterminée à vivre dans la lumière de Dieu et à avancer avec confiance dans la voie qu’Il a tracée pour moi.
