Le diocèse de Liège a entamé une nouvelle réflexion sur le présent et le futur des assemblées dominicales. Ce parcours a été ponctué par la publication d'un document qui se veut une base de travail pour les unités pastorales. Son titre : "Pour quelles Assemblées dominicales ? Une nouvelle réflexion sur les assemblées significatives".
Le nouveau document se réfère à un autre texte, paru en 2006, et qui traçait déjà les lignes directrices pour renouveler la pratique de l'eucharistie du dimanche - "Pour des assemblées significatives".
Pour Jean-Pierre Delville, l'évêque de Liège, "ce texte avait bien besoin d’une mise à jour. La situation actuelle nous invite à de nouvelles évaluations sur la fréquentation et la qualité des célébrations du dimanche. Il est utile d’avoir en tête différents paramètres et de ne pas se baser uniquement sur celui du nombre." Proposé aux différentes acteurs pastoraux, le travail à partir du nouveau document doit déboucher "sur une prise en charge plus sereine des célébrations dominicales, à une plus grande qualité spirituelle de celles-ci et une meilleure participation communautaire".
Une situation qui a fortement changé
Depuis 2006, note le nouveau document, la situation du monde, de l'Eglise et des communautés chrétiennes a fortement changé. Non seulement la pratique dominicale a baissé mais, en outre, un "climat plus individualiste" amène un certain nombre de chrétiens "à choisir sa communauté et son lieu de célébration en fonction de critères personnels plus subjectifs, émotionnels ou spirituels…", ce qui n'est pas sans conséquences sur le tissu ecclésial. La pandémie de Covid-19 a également installé certaines nouvelles habitudes. Certaines évolutions positives sont également intervenues, comme une plus grande implication des fidèles dans l'action pastorale ou la mise en place de projets visant à l'unification de l'action pastorale dans les UP. "Les réflexions récentes sur la synodalité et les nouveaux ministères institués colorent aussi de manière quelque peu différente la situation ecclésiale et le vivre ensemble à promouvoir notamment en liturgie."
"Que donnons-nous à vivre de l'Evangile ?"
Au-delà des questions d'organisation, les défis liés aux célébrations dominicales sont aujourd'hui de nature ecclésiologique (ayant trait à l'identité même de l'Eglise, Ndlr) et pastorale, dans une perspective d'évangélisation. A partir de là, certaines questions doivent être posées sur la "qualité" des célébrations, qui demeurent un lieu important de visibilité de l'Eglise : "Que donnons-nous à voir, ou mieux, à vivre, de la joie de l’Evangile et de la fraternité chrétienne? Quelle foi, quelle espérance, quel amour se reflètent dans nos assemblées ?" Bref : l'enjeu est d'être, de plus en plus, une "assemblée significative".
Du chemin a déjà été parcouru : "à n’en pas douter le choix en Unité pastorale de se rassembler le dimanche plutôt que de se disperser, de réduire le nombre de célébrations plutôt que de les saupoudrer en tous lieux, est porteur de vie. De nombreuses communautés ont fait l’expérience concrète que c’est au sein de ce type d’assemblées communautaires, [...] qu’on a vu jaillir des 'réveils à la foi', des 'réconciliations' avec l’Eglise ou même des cheminements d’adultes vers le baptême. Il y a donc un réel aspect missionnaire à ce type d’activités et de célébrations en assemblées significatives. Elles sont clairement porteuses de vie et d’élan missionnaire."
Cinq "indices" de réflexion
Pour avancer sur ce chemin et poursuivre la réflexion, cinq "indices" sont enfin proposés :
- Premier indice : celui du nombre de participants et de leur diversité : "il s’agit de montrer le visage d’une Eglise riche de son hétérogénéité, de sa variété d’âges, de conditions, de milieux culturels".
- Deuxième indice : la participation : "l’assemblée paraît-elle consommatrice d’une célébration à laquelle elle assiste ou bien chacun y prend-il une part active ?"
- Troisième indice : touche à la communauté que la célébration rassemble. Derrière la liturgie, y a-til une réelle communauté au sens de liens tissés entre les personnes mais aussi au sens de la vie ecclésiale rencontrant les autres piliers de l’existence chrétienne (annonce de la foi et catéchèse,communion et solidarité, vie spirituelle) ?
- Quatrième indice : évoque les capacités d’accueil d’une assemblée "digne de ce nom" : "Si quelqu’un venant de l’extérieur se présente pour s’associer à la célébration, sera-t-il en réelle situation de prendre part à la liturgie, de communier à la réunion fraternelle? Réunir une assemblée chaleureuse, conviviale et fervente est certes un objectif à rechercher."
- Cinquième indice : est celui de "la qualité générale de la liturgie" : "Est-on en état de célébrer dignement une liturgie qui ne doit pas forcément atteindre des sommets d’esthétisme mais être simplement bien faite, suffisamment soignée, créative et donc belle pour parler au cœur et honorer Dieu? La liturgie est un tout : paroles, silence, gestes, fleurs, encensement beau et visible, tout est important et fait entrer dans le mystère du Christ."
C.H.