Ce lundi, Marine Le Pen, présidente du groupe parlementaire du Rassemblement National (RN), a été condamnée pour détournement de fonds publics. Depuis l’annonce du verdict, les réactions se multiplient. Certains dénoncent un jugement politique, d’autres y voient un signal fort pour la démocratie. Ces prises de position témoignent de la fragilité du lien entre justice et confiance citoyenne.
Un verdict sous tension
L’inéligibilité prononcée à l’encontre de la responsable politique a immédiatement suscité un vif débat. Certains estiment que cette décision de justice constitue une entrave à la démocratie. D’autres rappellent que la loi s’applique à tous, y compris aux élus.
Le jugement est-il politique ? La question a été largement relayée dans les médias. Interrogé dans l’émission Décryptages, Vincent Delcorps, rédacteur en chef de CathoBel et de l’hebdomadaire Dimanche, souligne un phénomène préoccupant : « cette question a été encouragée par des politiques du camp de Marine Le Pen, mais aussi par des politiques d'autres bords. Et je trouve ça très surprenant et très dangereux. »
Pour lui, la justice agit dans le respect de son indépendance : « les juges ne prennent pas des décisions politiques, ils ne font qu'appliquer la loi. » Il rappelle que, ces dernières années, des condamnations ont été prononcées à l’encontre de figures issues de tous les horizons politiques.
Une défiance envers les institutions
Au-delà du cas individuel, cette affaire met en lumière un phénomène plus large : l’érosion de la confiance dans les institutions. Serge Maucq, prêtre diocésain et dominicain, y voit une mutation profonde du rapport à la justice : « La magistrature est une profession qui autrefois était considérée comme très attirante et un peu pépère. Aujourd’hui, c'est un métier à risque. »
Cette méfiance s’inscrit dans un mouvement plus ancien. « Cela fait quelques décennies que les sociologues nous parlent de la méfiance par rapport aux institutions », explique encore le dominicain. « Il y a une part importante et croissante de la population qui est en marge et qui ne se sent plus représentée par l'État tel qu'il dérive de nos institutions du 19e. »
Vincent Delcorps abonde dans ce sens : « La justice n'apparaît plus comme juste. Et elle n'est pas la seule institution à être frappée par cette question de la défiance publique. C'est un vrai problème de société. »